Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Service formation et accompagnement pour l'Église protestante unie région parisienne
16 octobre 2010

Pasteur, conseil presbytéral: vis à vis, dos à dos, côte à côte ?

Journée de rencontre des Présidents et Vice-Présidents des conseils presbytéraux de la région parisienne (ERF):

Pasteur, conseil presbytéral : Vis-à-vis, dos à dos, côte à côte ?

Journée du Samedi 16 octobre 2010

Ci-dessous: Exposé de Raphaël PICON. Après cet exposé voir les travaux des ateliers.

 

 

« Le rôle particulier du président et le ministère singulier du pasteur dans la collégialité du conseil ».

 

Relevons tout d’abord un constat saisissant. Au début des années 80, dans l’Eglise réformée de France, la plus grande majorité des Conseils presbytéraux sont présidés par des pasteurs. A la fin de cette même décennie, presque plus aucun pasteur ne préside un Conseil presbytéral. Actuellement, dans la région parisienne de l’ERF, seuls deux Conseils sont présidés par un pasteur. Cette mutation est largement positive dans le sens où elle permet une meilleure répartition des responsabilités entre pasteurs et laïcs (pour reprendre une distinction habituelle mais qui reste problématique en protestantisme), un renforcement le rôle des non-pasteurs dans l’Eglise, dans le sens aussi où elle a libéré certains conseils d’une autorité pastorale parfois trop écrasante. Cette évolution a facilité le travail d’équipe entre pasteurs sur un même poste et a souvent donné à ces derniers de se recentrer sur les tâches plus proprement pastorales. On relèvera toutefois que cette évolution, provoquée bien souvent en partie par les pasteurs eux-mêmes, a parfois fragilisé le rôle de ces derniers et leur autorité dans le Conseil. Du centre du dispositif décisionnaire, certains pasteurs se sont retrouvés sur un strapontin, parfois éjectable…

 

Pour répondre à la question qui nous est posée, nous s procéderons en deux temps : dans un premier, nous présenterons une brève analyse théologique du Conseil Presbytéral, de cette modalité particulière de la gouvernance de l’Eglise, dans un second, nous repérerons certaines tâches et fonctions que le Président du Conseil est appelé à mettre en œuvre.

 

La première tâche qui incombe à un président de Conseil Presbytéral est d’être au clair sur la signification que revêt son engagement comme président, mais aussi, plus fondamentalement, sur la signification propre au CP qu’il préside. Le rôle du président est en effet de présenter, de préciser, de clarifier ce qu’est un CP, ce à quoi il sert, son importance dans la vie de l’Eglise réformée. Le premier rôle est un rôle d’enseignant, d’instructeur.

le="text-align: justify;">Ce mode de gouvernement ecclésial est fondé théologiquement dans le sens où il exprime des convictions théologiques. Il est la déduction institutionnelle de certaines affirmations dogmatiques, et il est lui-même porteur de ces convictions ; il est, en soi, une forme de prédication. Le Conseil presbytéral est c’est une confession de foi.

 

I. Le Conseil presbytéral : une confession de foi

 

Trois éléments : une vocation, une prédication, une exigence triple. 

 

1. Une vocation

Ce terme de « vocation » appliqué au Conseil presbytéral souligne que celui-ci est l’objet d’un appel ; « vocatio » signifiant notamment appel. Nous sommes conseillés parce que nous avons été appelés à l’être. C’est notre vocation.

 

Vous avez étés appelés à cette tâche par d’autre que vous-mêmes. Vous l’avez été formellement lors de l’Assemblée Générale de l’assemblée cultuelle, vous l’avez été spirituellement par Dieu qui vous appelle au ministère de son Evangile. Autrement dit, vous ne vous êtes pas autoproclamés Conseiller presbytéral.

 

J’insiste sur ce point parce que la vocation nous confie une fonction particulière, nous confie à une fonction particulière, et dans le fait d’être confié à cette fonction, une confiance nous est faite. Nous sommes conseillers parce qu’on nous a fait confiance. Il me semble essentiel de toujours prendre et de reprendre la mesure de cet appel premier et de la confiance qu’il nous donne ; une confiance qui assure, qui nous réassure, qui contribue à nous reconnaître une autorité, à nous rendre légitimes pour soi et aux yeux des autres.

 

Ce terme de « vocation » souligne aussi qu’un conseiller est porteur de certaines compétences. On lui reconnaît une vocation, c’est-à-dire une aptitude, une capacité à remplir telle ou telle tâche. Vous êtes conseillers afin de mettre au bénéfice de la communauté certaines compétences qui vous sont reconnues, un savoir-faire spécifique et utile à l’ensemble de la communauté.

 

Ce ne sont pas seulement les compétences particulières des conseillers qui sont requises mais les compétences du Conseil dans son ensemble. Le Conseil rend compte d’une expertise (acquise notamment grâce à la discussion interne, à sa collégialité) qui rend possible le gouvernement de la communauté locale.

 

Les engagements communs à tous les ministères exprimés lors de la reconnaissance liturgique du Conseil suggère certaines qualités particulières: soumission mutuelle, fraternité, responsabilité à l’égard de l’autre, discrétion, vigilance dans la prière, persévérance dans l’écoute de la Parole. Nous pourrions rajouter les éléments indispensables à la bonne santé d’un conseil : écoute, partage de la parole, solidarité devant les décisions prises. On sait aussi que chaque membre du Conseil enrichit celui-ci par sa sensibilité, ses convictions, ses préoccupations, par sa manière d’être, son savoir-faire. 

 

Si la vocation est un appel, si elle est une compétence, elle est aussi un engagement. Le Conseil presbytéral a vocation à faire quelque chose, il a une mission à accomplir, il se doit de remplir certaines fonctions. Celles-ci sont en partie exprimées dans la liturgie de reconnaissance du ministère du Conseil presbytéral ; énoncé liturgique qui souligne la responsabilité majeure de ce Conseil. « Vous qui êtes appelés à former le Conseil presbytéral de cette Eglise, vous porterez ensemble la responsabilité spirituelle et matérielle de la Communauté. Vous discernerez, reconnaîtrez et coordonnerez les ministères que Dieu donne à cette Eglise pour qu’elle grandisse dans l’amour et soit au sein du monde messagère de l’Evangile. Vous serez solidaires des décisions que prendra votre conseil et vous préparerez et appliquerez les décisions des synodes."

 

2. Une affirmation théologique

L’existence du Conseil presbytéral dans notre Eglise ne répond pas d’abord à un souci d’efficacité dans le travail et de cohésion communautaire. Ce mode de gouvernement ecclésial est fondé théologiquement dans le sens où il exprime certaines convictions théologiques. Le Conseil presbytéral est, en soi, une affirmation théologique. Etre Conseiller presbytéral, c’est poser un acte théologique.

1ère conviction : L’Eglise est animée par un conseil pour témoigner d’un Dieu sans clergé.

L’un des grands gestes théologiques du protestantisme est d’annuler la nécessité de l’intermédiaire entre Dieu et l’humanité. Dieu nous parle et nous rejoint librement, sans être conditionné par ce que nous sommes, sans dépendre de nous. Cette conviction est lourde de conséquences dans notre conception de l’Eglise.

 

Cette spécificité apparaît clairement lorsqu’elle est pensée en vis-à-vis du modèle catholique romain. Pour celui-ci l’institution du clergé demeure une nécessité théologique. La Parole et les sacrements ne reçoivent leur efficacité que par l’intermédiaire du ministère ordonné. C’est en consacrant l’hostie que le prêtre rend le Christ présent et c’est en la distribuant qu’il provoque la rencontre avec le Christ. L’institution du clergé produit ici l’événement de la rencontre avec Dieu et la conditionne. Dans le protestantisme, le pasteur n’est pas celui qui rend possible la rencontre avec Dieu, il est celui qui témoigne que cette rencontre a déjà eu lieu, pour chacune et pour chacun, en Christ. Le ministre n’a pas pour fonction de rendre le Christ présent, à travers le sacrifice de la messe, mais d’enseigner la grâce offerte, à travers la prédication de l’Evangile.

 

Ce refus de l’intermédiaire soustrait l’Eglise à l’emprise d’un clergé qui prétendrait canaliser, conditionner et finalement réglementer la relation à Dieu. Dans le modèle protestant, c’est aux membres de la communauté de se réunir et d’organiser le ministère de l’Evangile et de l’Eglise. Parce que la relation à Dieu est une relation directe, fruit des seules volonté et liberté de Dieu, l’Eglise n’est pas portée par un clergé institué, mais par des hommes et des femmes réunis en instance collégiale de délibération. 

 

2ème conviction : L’Eglise partage les responsabilités pour témoigner d’une Parole de Dieu qui autorise chacune et chacun dans sa propre parole.

Cette relation directe valorise et encourage chacun. On pourrait dire de Dieu qu’il fait ici autorité en nous autorisant pleinement à parler à son sujet, à le raconter, à le proclamer. Ce qu’on appelle communément le sacerdoce universel.

 

Je vous rappelle ce propos de Luther tenu dans son adresse à la noblesse chrétienne de la nation allemande : « On a inventé que le Pape, les évêques, les prêtres, les gens des monastères seraient appelés état ecclésiastique, les princes, les seigneurs, les artisans et les paysans l’état laïque, ce qui est certes une fine subtilité et une belle hypocrisie. Mais personne ne doit se laisser intimider par cette distinction, pour cette bonne raison que tous les chrétiens appartiennent vraiment à l’état ecclésiastique ; il n’existe entre eux aucune différence, si ce n’est celle de la fonction (…) car ce sont le baptême, l’Evangile et la foi qui seuls forment l’état ecclésiastique et le peuple chrétien (…). Nous sommes absolument tous consacrés prêtres par le baptême ».

 

Le Conseil presbytéral est le lieu témoin de ce ministère partagé, d’une prêtrise qui est confiée à tous. Ce concept de sacerdoce universel, l’un des grands principes de la Réforme, souligne que le ministère n’est pas la chasse gardée de quelques-uns, mais l’affaire de tous et de chacun. Si nous pouvons nous réunir en CP, c’est que nous sommes tous prêtres.

 

Dès lors qu’il est universel, le ministère est appelé à prendre des formes diverses, à se déployer dans une pluralité d’options, de projets, de sensibilités. Cette diversité est théologiquement précieuse car elle témoigne d’un Dieu qui ne se laisse pas réduire à un seul dogme, à une seule confession de foi, à un seul ministère.

 

3ème conviction : L’Eglise est organisée collégialement pour témoigner d’un Dieu qui se révèle dans la pluralité.

La collégialité, le travail en équipe, le partage de l’autorité, enseignent un Dieu qui ne se laisse pas canaliser et enfermer dans une seule expression de foi. Comme le dit le théologien Bonhoeffer  dans son ouvrage De la vie communautaire : « Dieu est bien trop important pour être abandonné aux mains d’un seul ». Le théologique est chose trop sérieuse pour être confiée à un seul et la prédication de Jésus-Christ est bien trop riche pour être prisonnière d’un seul ministère. La collégialité du Conseil presbytéral témoigne que le Dieu de Jésus-Christ se laisse servir dans la diversité, qu’il se révèle de manières différentes et qu’il mobilise des compétences variées.

 

Cette collégialité reconnaît aussi en l’autre une nécessité spirituelle. Si Dieu ne se laisse pas monopoliser par un seul, nous ne pouvons pas non plus nous suffire à nous-mêmes et rester satisfaits de sa seule manière de croire en Dieu et de vivre l’Eglise. Dans ce sens, le sacerdoce universel ne fonde pas un individualisme spirituel mais fonde la possibilité d’une relation théologique à l’autre. « Chacun a besoin de l’autre en tant que prêtre », dit encore Bonhoeffer, autre qui peut toujours nous faire découvrir d’autres choses de Dieu que nous ne connaissons pas encore.

 

Une Eglise dirigée par un conseil et non par une seule personne valorise forcément la diversité. Elle intègre en son sein une pluralité de sensibilités, de désirs, de projets. L’Eglise d’un Conseil presbytéral n’est pas monocorde et monotone. Elle est une communauté au sens propre du terme, le lieu d’une mise en commun de sensibilités et de convictions, d’une mise en partage de compétences et d’expériences.

 

3. Une exigence triple

 

Chacune de ces convictions théologiques traduit une exigence particulière à l’endroit du Conseil presbytéral.

 

Une exigence théologique

La première conviction rappelle que le Conseil presbytéral est au service d’une Parole déjà donnée, d’un Evangile déjà offert à toutes et à tous. Sa fonction est d’être pleinement au service de ce don premier. Au service de l’Evangile, le Conseil presbytéral a pour tâche de constamment recentrer l’institution ecclésiale sur l’Evangile qui la fonde. Le ministère du Conseil est ici essentiellement théologique par sa capacité à ramener la communauté à l’essentiel, à lui ré-offrir la possibilité d’être sans cesse ré-animée et réveillée par la Parole, à empêcher par là-même l’Eglise de devenir une « boutique ». Le conseil restera ici particulièrement vigilant au ministère de la prédication, à l’animation biblique, à la réflexion théologique, à la vie spirituelle de la communauté.

 

Une exigence prophétique

La deuxième conviction rappelle que si le Conseil presbytéral est autorisé par les autres, il n’a pas le monopole de cette autorisation. L’universalité du sacerdoce n’est pas réduite aux seules dimensions du Conseil. Puisqu’il est au service de ce Sacerdoce universel, le Conseil presbytéral doit le rendre possible en veillant à ce que chacun puisse se sentir concerné, motivé et autorisé par la parole. Dans ce sens, le Conseil presbytéral a pour fonction de discerner toutes les vocations possibles que la prédication de l’Evangile peut susciter. Son rôle est de repérer ce que l’Evangile peut faire naître chez les uns et les autres en termes de désir, de projet, d’attente, d’appel, d’engagement. Le ministère du Conseil est ici essentiellement prophétique par sa capacité à scruter ce qui, à l’intérieur de l’institution mais aussi à l’extérieur, peut témoigner de l’Evangile et enrichir par là-même la communauté humaine. 

 

Une exigence politique

La troisième conviction rappelle au Conseil presbytéral la richesse de la diversité. Il doit veiller à sans cesse ouvrir l’Eglise au plus grand nombre. Le Conseil doit diversifier suffisamment les actions, les formes d’engagement, les rythmes d’activité, les expressions théologiques, afin que l’Eglise soit véritablement une communauté, une composition, une mise en commun de sensibilités différentes. Le ministère du Conseil presbytéral est ici essentiellement politique par sa capacité à mettre ensemble des éléments différents.

 

Le ministère du Conseil presbytéral naît finalement d’une conviction théologique toute simple : Jésus-Christ est le don d’une parole de salut qui nous fait parler. Servir cette Bonne Nouvelle, c’est lui donner de l’audience, de l’écho, et l’inscrire dans la communauté humaine. C’est au Conseil de rendre l’Eglise toujours plus réceptive à l’Evangile et toujours plus transparente à la Grâce.

 

Venons-en maintenant aux différentes fonctions du président de CP ; définir ces fonctions nous permettra de mieux penser les relations entre le président et le pasteur comme les autres membres du Conseil.

 

II. Un rôle multiple

 

1. Un instructeur 

Je l’ai déjà évoqué, le président du CP est dans son rôle lorsqu’il instruit les membres du CP de la signification de celui-ci et de ce qui est attendu du CP comme de chacun de ses membres.

 

Cette tâche est d’autant plus importante à remplir, rôle d’autant plus essentiel à jouer que notre culture d’Eglise est de moins en moins vive, elle est de moins en moins partagée et connue et ce du fait de la pluralité plus grande des origines des membres de nos Eglises.

 

2. Celui qui préside collègialement

C’est le président qui établit l’ordre du jour, préside les séances, anime les débats. C’est lui qui fait en sorte que les décisions puissent être prises, et qui veille à ce que les décisions prises soit respectées. C’est lui qui ouvre et met fin aux séances.

Dans ce conseil, c’est au Président de veiller à ce que chaque membre ait sa place, que personne ne prenne l’ascendant sur les autres. Il sert d’instance de régulation démocratique, ce qui implique une vigilance de tous les instants. Il veillera à ce que chacun soit dans son rôle, puisse assumer ses propres responsabilités, que chacun soit aussi reconnu dans son travail, trouve la confiance nécessaire pour réaliser ce qu’il doit faire. Cette animation n’est pas purement technique, elle doit aussi prendre en compte du fait que le CP est aussi un lieu d’Eglise, parce que lieu d’Eglise elle est soumise à certaines exigences.

 

J’aimerai pour évoquer ce point, rappeler quelques éléments qui caractérisent la relation entre le CP (et à travers lui son président) et le pasteur. Mais aussi entre le CP et le président.

     

Valorisé, comme je viens de le faire, le ministère du Conseil presbytéral ne saurait porter atteinte à ce qui fait selon moi la spécificité et la nécessité du ministère pastoral.

 

3 remarques :

 

- Une spécificité sans exclusivité.

Le pasteur a un métier et une vocation qui lui imposent d’être théologien, qui le chargent de la prédication de l’Evangile, de l’accompagnement spirituel des fidèles, d’animer la communauté autour de la Parole. Il est formé à cela, il est reconnu institutionnellement apte à accomplir ces tâches, il est rétribué financièrement pour ce travail. Cela ne lui donne aucun pouvoir particulier mais lui reconnaît une autorité spécifique. Le fait que des non-pasteurs puissent prêcher, accompagner et animer, ne diminue en rien ce qui fait selon nous l’essence, la spécificité et la nécessité du ministère pastoral.

 

Une Eglise donnée confie aux pasteurs de son ressort le soin d’accomplir certaines tâches, même si elle sait théoriquement que chacun pourrait en principe les assumer, ce qui est le cas là où il n’y a pas de pasteur et dans le cadre d’un « mandat de desserte ». Si le pasteur n’a pas le monopole des tâches que son métier lui impose, celles-ci constituent pourtant la spécificité de son ministère. Ce n’est pas parce que chacun peut faire son pain que le boulanger n’est plus boulanger et n’a plus de raison d’être…


  Ni chef ni serviteur

Même si le pasteur dépend localement du CP, il n’est pas réductible à ce CP, son titulaire ne relève pas seulement de la communauté dans laquelle il travaille. Dans un modèle presbytérien-synodal, modèle qui valorise autant le plan local que régional ou national d’une même Eglise, le pasteur d’une communauté particulière reste ministre de l’Eglise à laquelle il appartient. Il engage celle-ci, peut se trouver sollicité par elle, et ce indépendamment de l’accord préalable du Conseil de l’Eglise local auquel il dépend.

 

Cette extériorité du pasteur par rapport à la communauté traduit dans les faits que le pasteur est toujours, en théologie réformée du moins, l’objet d’un double appel et d’une double reconnaissance (la double vocation « interne » et « externe » chère à Calvin) : de la part de l’Eglise et de la part de Dieu. Cette double appartenance implique que les différentes fonctions pastorales s’exercent en lien avec le Conseil dont il dépend sans que celui-ci ne s’approprie et ne domine le pasteur. Cela implique aussi que le Conseil ne se trouve pas instrumentalisé et finalement possédé par le pasteur. Pasteur et Conseil sont liés entre eux sans être soumis l’un à l’autre. Comme l’explique André Gounelle dans un article consacré à l’articulation entre ministre et communauté : « La reconnaissance du ministre par la communauté ecclésiale s’accompagne d’une reconnaissance de la communauté ecclésiale par le ministre, symbolisée [dans le cadre de l’Eglise réformée de France notamment] par l’adhésion à la Déclaration de foi et l’acceptation de la Discipline. Le ministère n’est pas le chef de la communauté ; il n’a pas le droit de la commander, de lui imposer ses vues et sa conception propre du message évangélique. Elle dépend du Christ, et il n’est pas pour elle l’image, la figure ou la parole du Christ. Mais le ministère n’est pas non plus le serviteur, l’agent d’exécution de la communauté qui aurait à se soumettre à sa volonté. Il dépend lui aussi du Christ, et il a une parole venant du Christ à faire entendre ».

 

- Une relation corrélative

 

Pour parler du pasteur dans son lien avec l’institution, on distingue souvent trois modèles : celui de l’institution, celui de la délégation, celui de la corrélation. Pour le modèle de l’institution, le ministre est représentant de Dieu et lieutenant du Christ, institué divinement pour servir et vivifier la communauté. Pour le modèle de modèle de la délégation le ministre est mandaté et nommé par la communauté dont il est l’émanation et l’agent exécutif). Pour le modèle de la corrélation (le ministre est définit par sa double relation au Christ qui l’envoie et à la communauté qui le reconnaît, double dépendance qui se régule l’une par rapport à l’autre).

 

Cf. « Les ministères de l’union. Décision synodale de l’ERF, mai 2004 : « Le pasteur est appelé à entrer au service d’une communauté locale qu’il contribue à rendre vivante et heureuse dans sa mission à la suite du Christ. Arrivant dans une communauté qui a une histoire, une tradition, des attentes, le pasteur ne peut la soumettre à ses représentations préétablies, mais il les partage et les discute. De même, la communauté qui accueille un nouveau ministre, avec sa personnalité et ses dons, se prépare au changement et à ce que ses attentes soient déplacées.»

 

Certes, c’est avec les membres du Conseil Presbytéral que le pasteur veille à l’animation de l’Eglise ; il partage avec eux le souci de l’édification et de la conduite de l’Eglise locale, comme le soin de son administration et de sa gestion. C’est aussi parce qu’il est « autre », qu’il vient d’ailleurs, qu’il n’est pas réductible au Conseil, qu’il peut fonctionner comme pasteur dans toute la liberté que la fonction pastorale requiert. Le ministère doit donc nécessairement échapper à l’emprise de son Conseil, précisément pour en demeurer le pasteur –celui qui, parce qu’il est autre, peut librement recentrer l’Eglise sur l’Evangile, l’empêcher de « tourner en rond », briser toute autosatisfaction cléricale. Un Conseil qui n’accepte pas le dérangement occasionné par son pasteur ne le mérite pas et n’a finalement nul besoin de lui…

 

Si le président préside, il ne serait présider le pasteur (ou seulement en tant que membre du CP), de même le président ne préside pas l’Eglise. Le président ne peut avoir un ascendant sur le pasteur qui serait tel que tout ce qu’il fait et décide devrait être soumis à l’accord préalable du CP. De même, le président ne peut présider aux destinées d’une Eglise locale qui lui échappe.

 

Pour se faire, le président du CP doit accepter de ne pas tout contrôler, de ne pas devoir tout savoir, de ne pas être omniscient, ni omniprésent, ni omnipotent (on dira la même chose du pasteur). Pour présider sans diriger ni contrôler, il devrait penser et pratiquer collégialement sa propre présidence. Le bureau est ici essentiel comme lieu de discussion et de recul pour le président lui-même, d’évaluation et de vérification de ses propres idées et propositions, mais aussi et peut-être surtout pour souligner, pour incarner le primat de la collégialité dans la présidence. Si le président préside une collégialité, cette collégialité préside aussi la présidence, elle induit une manière particulière de présider (dimension corrélative). D’où l’importance du bureau qui, sans remplacer le CP doit lui faciliter les prises de décisions, d’où l’importance aussi que le pasteur fasse partie du bureau et ce même s’il n’y occupe aucune fonction spécifique. Sa présence est aussi nécessaire pour veiller à ce que CP et pasteur (extérieur au CP) travaillent ensemble, fassent voix commune, qu’il n’y ait pas une Eglise à deux vitesses.

 

On relèvera aussi l’importance de la relation entre le président et le pasteur qui sans devoir être sur le mode de l’amitié, doit être une relation de confiance réciproque ; relation qui implique notamment une réelle confidentialité. Cette relation peut servir d’instance de vérification de certains projets et de première délibération sur des questions « préoccupantes » pour le pasteur comme pour le président.

 

3. Celui qui pré-embauche

Le président peut facilement se retrouver en situation de pré-employeur, du pasteur mais aussi des autres membres.

 

C’est bien souvent lui qui reçoit le premier contact et peut d’emblée être une force de persuasion ou de dissuasion, pour le pasteur et pour le CP vis-à-vis d’un pasteur. Il me paraît cependant essentiel de rappeler que le pasteur est nommé par le CP. C’est le CP qui est responsable et s’il se sent forcé par le président pour dire oui ou non, il risque fort un jour de regretter de l’avoir été et de le reprocher au président. Si la nomination doit bien venir du CP, c’est aussi et peut-être surtout pour que le pasteur ne se sente pas dépendant du seul président ; qu’il ne se sente pas continuellement redevable à son sujet ou continuellement craintif à son égard. C’est au CP que le pasteur doit rendre des comptes et non au président. De même, c’est le CP qui est responsable de l’évaluation du pasteur en lien avec le synodal et non le président. Par exemple, ce n’est pas au président de procéder à des évaluations sauvages qui serviraient de pré-évaluations pour le CP. Cela implique de la part du président un sens certain de l’abnégation. Le président peut présider un CP qui nomme un pasteur que ce même président peut ne pas vraiment aimer.

 

Cette neutralité du président est d’autant plus nécessaire que le président peut parfois servir d’instance de régulation de la relation entre le pasteur et le CP et la communauté dans son ensemble. Quand un CP ne parvient pas à dire certaines choses aux pasteurs et vice-versa, c’est bien au président d’assurer la communication. Le président doit faire la part des choses mais aussi la balance entre les intérêts du CP et ceux du pasteur, et ce lorsque ces intérêts diffèrent et ne coïncident pas immédiatement.

 

En même temps, il faut reconnaître que le président appartient au CP, il en est membre et le préside. Sa neutralité sera donc toujours relative et dans bien des cas, c’est vers le président du Conseil régional que le pasteur devra se tourner. Il me semble en revanche que ce rôle d’intermédiaire doit nettement jouer entre le CP et le reste de la communauté, c’est bien souvent ce que la communauté attend du président du CP.

 

  1. Un porte – parole 

Porte-parole du CP pour la communauté

Porte-parole de l’Union pour le CP et la communauté

Porte-parole de l’Eglise pour l’extérieur

 

  1. Un responsable juridique

 

R. Picon

 


 

On retrouvera ces éléments dans mon livre Ré-enchanter le ministère pastoral. Lyon, Olivétan, 2004.

 

Dans l’Eglise évangélique luthérienne de France et dans l’Eglise réformée de France, notamment, tout prédicateur a été préalablement reconnu apte à l’exercice de la prédication par le Conseil presbytéral et les instances régionales. Il n’en demeure pas moins qu’un véritable parcours de formation, obligatoire, validée et objet d’une reconnaissance institutionnelle, serait utile pour assurer une prédication de meilleur qualité et donner à ce ministère une identité et une légitimité plus fortes.

 

Voir pour cela Claude PEURON, « Statut des ministres dans l’Union nationale », in Ministères, Coordination Edifier-Former, ERF, Paris, 2000.

 

André GOUNELLE, « Le ministre et la communauté », in : Etudes Théologiques et Religieuses, 1988/2.

 

TRAVAUX DES ATELIERS

 

LE PROJET D'ÉGLISE - FACTEURS CLÉ DE SUCCÈS

DOCUMENTS PRÉSENTÉS PAR MARC PELCÉ

9 diapositives

 

Diapositive1 Diapositive9 Diapositive8

cliquer sur les diapositives a, b, c pour les agrandir

Diapositive7 Diapositive6 Diapositive5

cliquer sur les diapositives d, e, f pour les agrandir

Diapositive4 Diapositive3 Diapositive2

cliquer sur les diapositives g, h, i pour les agrandir

 

ÉTABLIR UNE FEUILLE DE ROUTE

DOCUMENTS D'UN ATELIER DIFFUSÉS PAR MARC PELCÉ

9 diapositives

 

Diapositive1 Diapositive2 Diapositive3

cliquer sur les diapositives 1 à 3 pour les agrandir

Diapositive4 Diapositive5 Diapositive6

cliquer sur les diapositives 4 à 6 pour les agrandir

Diapositive7 Diapositive8 Diapositive9

cliquer sur les diapositives 7 à 9 pour les agrandir

 

Merci d'écrire vos commentaires ci-dessous à l'intention de la cellule formation

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Service formation et accompagnement pour l'Église protestante unie région parisienne
  • Service formation et accompagnement pour l'Église protestante unie - Région Parisienne (communion luthérienne et réformée) : pour conseillers presbytéraux, prédicateurs, animateurs, visiteurs, ministères, jeunesse, accompagnateurs,... pastorales régionales
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Publicité