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Service formation et accompagnement pour l'Église protestante unie région parisienne
3 février 2019

PRÉDICATION - CEREMONIE D'OBSÈQUES - 2019

LES ACTES PASTORAUX   FORMATION POUR PRÉDICATEURS NON PASTEURS

Le compte rendu de la formation dispensée par les pasteurs Dominique HERNANDEZ et Jean-Pierre ANZALA, établi d'après les prises de notes d'Aurelia BOURGADE se trouve après la présentation du programme.

Obseques-1 

Obseques-2  

FORMATION CÉRÉMONIE D’OBSÈQUES

Formation dispensée par Jean Pierre Anzala et Dominique Hernandez. Notes prises lors de la journée de formation du 26/01/2019 par Aurélia Bourgade.

MATIN : PRESENTATION DE LA LITURGIE/QUESTIONS

PREAMBULE

La formation prend appui et marque parfois une distance par rapport à la liturgie d’obsèques proposée par l’ERF.

Point sur le titre de la liturgie en question : « Annonce de l’Evangile aux familles en deuil » :

Cette dénomination longue est à la fois précise et explicite. Elle se distingue de l’appellation plus proprement luthérienne « services funèbres », qui dit la mort et met l’accent sur cet aspect. La dénomination réformée contient 2 dimensions importantes :

1)   « aux familles » :

Le service funèbre est pour les vivants. Dans les sf (services funèbres), il y a souvent beaucoup de catholiques (amis, famille : parfois seul le défunt est de fait protestant). Or, le catholicisme a une approche très différente : il est question de prier pour les défunts.

Dans le protestantisme, nous n’avons aucune inquiétude pour le défunt. Nous partons de l’affirmation présente dans Rm 8 (« ni la mort, ni la vie… rien ne nous séparera de l’amour révélé en Jésus Christ) ». Si après la mort, je ne sais pas exactement ce qu’il y a, je crois en revanche qu’il y a quelque chose de l’ordre de l’amour de Dieu. Il n’y a pas d’inquiétude à avoir pour le défunt car celui-ci est dans la mémoire, l’éternité de l’amour de Dieu.

Aussi, nous sommes là pour les vivants, pour les aider à entrer dans le deuil.

2)   « Annonce de l’Evangile » :

L’Evangile signifie « Bonne Nouvelle ». Mais qu’est-ce que la « Bonne Nouvelle » dans ces circonstances ? Qu’a-t-on à offrir, à annoncer ? Qu’est-ce que l’on met dedans ?

La Résurrection, comme « Bonne Nouvelle » : à annoncer de manière adaptée à ce moment et selon la situation.Pour une famille qui ne connaît rien à la foi chrétienne ou n’a pas mis les pieds depuis 40 ans au culte, quel sens ? Cela ne dit rien.

L’objectif peut être d’apaiser les inquiétudes :

Certains peuvent avoir des hypothèses sur la mort, l’au-delà, avec parfois des représentations pittoresques, inquiétantes. Même les protestants ne sont pas étanches à certaines représentations, par exemple sur l’Enfer/Paradis ou même bien différentes de la foi chrétienne.

La Bonne Nouvelle : celle de l’amour de Dieu 

Réelle complexité de l’annonce à faire aux familles :

Par ex., face à la mort brutale d’un jeune ou d’un bébé, certaines questions peuvent surgir : Pourquoi moi ? Pourquoi nous ? (en tant que père/mère).

L’annonce de la Bonne Nouvelle n’est en aucun cas une annonce dogmatique, mais doit se faire en lien avec une situation. L’annonce est liée à l’écoute de la famille que l’on a eue. L’humanité, la nôtre, est mise en avant. Notre humanité d’homme et de femme de foi est requise. Tout doit être dit à partir de notre humanité croyante.

Ainsi, la Bonne Nouvelleest à la fois :

- une assurance de l’Eglise sur l’au-delà, ancrée dans sa foi.

l’affirmation aux familles elles-mêmes que face au deuil, il y a une sortie. Une personne en situation d’épreuve n’est pas condamnée à y rester : il y a une autre vie possible (une vie sans son conjoint ou son fils par ex.). Une vie les attend. Il y a certes la peine, le chagrin, la douleur, mais quelque chose de l’ordre de la vie les attend. Il y a de quoi traverser ces moments : Jésus vient nous rejoindre dans ces moments.

Les notions de bonté, compréhension, humanité en Christ sont compréhensibles par tous. La bonté, la solidarité, l’amitié sont quelque chose que l’on peut s’apporter à tous. Notre humanité de communauté humaine est requise. C’est quelque chose que les non croyants peuvent entendre.

le témoignage d’une présence au cœur de l’absence.

La famille est face à une absence, qui représente aussi les habitudes prises avec le défunt. L’Eglise représente un soutien permanent. Elle n’est pas là qu’au moment du sf mais au-delà.

Il est important aussi d’inviter la famille à se soutenir au-delà de ce moment de sf. Les intéressés en effet se retrouvent seuls au bout d’un temps. Il est nécessaire de témoigner d’une présence, d’un soutien possible de l’Eglise au-delà du sf.

Après le service funèbre (sf):

Après 10 à 15 jours, prendre des nouvelles des familles endeuillées : en effet, le temps d’effervescence des condoléances est passé. Les inviter à un culte si c’est possible. Le témoignage de l’Eglise passe par nous : nous sommes un signe de la fraternité de l’Eglise. Le service ne s’arrête pas à la cérémonie.

On peut passer un appel ou même faire une visite : les familles apprécient beaucoup.

Même pour des familles de croyants, il est important d’être là. Le deuil peut durer très longtemps.

A qui s’adresse cette Bonne Nouvelle ?

aux personnes présentes, les familles mais aussi au-delà.

Il peut y avoir différentes situations de sf. Parfois, il arrive qu’il n’y ait que 6 à 8 personnes présentes au sf. Ces personnes viennent par fidélité, amitié (amis, voisins) et peuvent être inquiètes aussi pour elles-mêmes. Lorsqu’une personne âgée meurt par ex., certains se disent : « la prochaine fois, ce sera moi ». Il est important de manifester que face à la mort, on n’est pas seul, abandonné, isolé dans ces moments : il y a des lieux d’accueil et des paroles qui apaisent la peur pour l’au-delà. Ainsi, il y a un message à annoncer à ces personnes-là également.

On ne peut pas faire dans le dogmatique, les généralités : on a à faire avec des personnes, des êtres sensibles.

à nous-mêmes également. Le sf interroge notre rapport à la mort. La mort nous renvoie toujours à nous-mêmes. On se retrouve face à ce que dit la personne dans ce cercueil. C’est face à cet être en interrogation que l’on adresse notre prédication, que nous annonçons une bonne nouvelle possible. 

Dans ces moments, il est important aussi d’être à l’écoute de soi.

Parfois, on peut avoir à assurer un sf dans le cadre de la mort subite du nourrisson, de la mort d’un enfant de 2 ans. Si, en tant qu’officiant, nous avons-nous-mêmes un bébé de 2 ans, cela renvoie inévitablement à son enfant.

Ainsi, quelque part, on se prêche à soi-même : on est les premiers auditeurs de notre prédication. Envisager les choses ainsi sensibilise notre prédication. C’est notre humanité, douloureuse, sensible qui est en question.

Nous sommes exposés à ces émotions déversées dans les entretiens de préparation. Cela peut nous bousculer. Il est donc important d’être au clair soi-même avec ces questions.

La mort qui passe nous interroge sur nos existences, sur :

- ce qui leur manque

- ce qui les remplit

- ce qui les nourrit.

Quel est le sens de mon existence ? Cette question se pose de tas de manières possibles que l’on soit éloigné ou proche du défunt.

On peut partir de là pour un sf, car c’est quelque chose de partagé par tout le monde, c’est notre communauté d’humains.

En anthropologie, la marque signifiée aux morts est importante : cela dit quelque chose sur notre humanité. Ceux qui restent s’interrogent sur leur propre existence. Il est donc important de rassurer et d’être stabilisés sur ces questions. 

  1. 1.    PROCLAMATION DE LA GRACE DE DIEU (1ertemps de la liturgie)

Ouverture à tous :

Le protestantisme diffère des autres religions en ce qu’il affirme que rien ne nous sépare de Dieu. Le défunt est accueilli par Dieu, quelle que soit sa foi, sa vie.

Dans certains cas, nous pouvons n’avoir aucune empathie avec le défunt, car celui qui est mort était ignoble. Pourtant, il faudra annoncer une Bonne Nouvelle qui le concerne lui aussi. Il y a certes notre humanité (sensibilité et théologie aussi) qui entre en jeu, mais l’affirmation théologique est également essentielle. Nous accueillons tout le monde sans distinction, contrairement à certaines églises qui peuvent refuser d’enterrer des gens. Nous rendons un service de Dieu à l’humanité tout entière. 

Proclamation de la grâce de Dieu : celle-ci est inconditionnelle. C’est au nom de cette grâce que nous accueillons toutes les demandes.

Le défunt : nous ne possédons jamais la vérité de cette personne. Sa vérité est en Dieu, elle ne situe pas dans ses actes et dans ce que connaissons d’elle. Même une personne détestable, Dieu la regarde comme son enfant, même si elle n’a jamais répondu oui. On ne ferme les portes à personne dans la vie comme dans la mort.

Néanmoins, il est important de prendre en compte le fait que les personnes présentes ont pu souffrir à cause du défunt. Il peut y avoir de la rancune ou des remords, mais elles ne sont pas obligées de rester dedans, il y a une autre vie qui les attend.

! NE PAS FAIRE DE « JOLISME » : On ne peint personne en rose, on n’évacue pas les difficultés : si c’est un suicide, c’est un suicide. 

A noter, lors de l’écoute de la famille :

Veiller ànepas être trop les parlants mais les écoutantsqui puissent exprimer toutes les douleurs manifestées. Important de permettre, libérer la parole la plus profonde des gens. Permettre, autoriser les pleurs : il faut que les gens se sentent autorisés à lâcher pour dépasser ce moment.

Nous avons à exprimer les souffrances des familles grâce à notre écoute et à aider les familles à dépasser :

- les rancunes, ressentiments

- les douleurs.

La vie de ceux qui restent n’est pas condamnée à rester bloquer dans le passé. Il y a une autre vie qui les attend (élément à dire bien-sûr implicitement).

Quand quelqu’un décède, on n’a pas fini notre relation avec lui, on revisite notre relation à cette personne. Des choses bougent. La relecture de son expérience passée avec le défunt permet de faire bouger les choses, de dépasser certains événements.

Aider les familles à poser des paroles libératrices sur cette expérience. Notre rôle est d’aider à cette relecture et à un nouveau départ.

Lorsque moi-même j’ai vécu un deuil :

Qu’est-ce qui s’est passé ? Qu’est-ce qui m’a aidé ?

Quand nous avons eu à affronter un deuil, ce qui a pu nous aider peut être utile pour aider les familles endeuillées.

Point sur les formulations liturgiques :

 « La grâce et la paix vous sont données… »

C’est un peu sec : il faut déjà être convaincu. Un appui est fait sur Rm 8.

Il est nécessaire de développer un peu : pour tout non croyant ou non protestant, il faut en dire un peu plus car ce n’est pas clair, sec. Il faut mettre plus de chair. 

Des exemples issus du luthéranisme seront communiqués éventuellement.

Tous les textes peuvent être retravaillés en fonction des personnes.

ETR, article sur l’écoute.

« Nous sommes là, avec Dieu qui se fait proche de chacun et veut partager nos histoires humaines… »

« Rassemblés ici pour entourer sa famille »

« Quelles que soient nos convictions, même si nous n’en avons pas, nous sommes accueillis.. »

Ces formulations ouvrent ainsi un espace y compris pour les non-croyants. On n’est pas du tout dans le rituel.

Dans un décès, le monde s’effondre pour les proches.

Passage d’Es 54,10 : « Quand les montagnes s’éloigneraient… »

Il est important d’ouvrir un espace d’accueil pour tous : c’est essentiel pou un sf.

Il est nécessaire aussi d’être bien en disant les textes : les mots doivent couler sans écueil.

Il est important d’affirmer l’accueil inconditionnel dans la grâce de Dieu et d’expliquer aux gens pourquoi on est là. 

  1. 2.   ACCUEIL(2èmetemps liturgique)

L’accueil de la famille est important de manière générale.

 Demander à 1 ou 2 personnes de la communauté d’être là :

- C’est une manière de signifier la présence de la paroisse.

- Cela peut être rassurant d’avoir des visages connus dans l’assemblée.

- Si nous avons besoin de passer de la musique, il est important d’avoir quelqu’un à ses côtés.

Ne pas hésiter à demander la présence en plus de quelqu’un d’autre.

Ouverture multitudiniste :

Dans les cultes d’action de grâce, il n’y a souvent pas que des protestants. Il y a un gros mélange : musulmans, juifs, etc…

Nommer la famille :

Les gens aiment être reçus nommément. Ceux qui ont pris en charge la cérémonie apprécient qu’on personnalise la liturgie. Nommer ces gens, tout en faisant attention à l’ordre de préséance. (ex : pas forcément mettre le frère d’abord). Indiquer à la famille qu’on peut changer l’ordre des noms.

Important de consulter la famille sur l’ordre (de préséance) des noms.

Secret des informations données :

Cela peut être important de dire, de manière subtile, les difficultés de la vie (ex : femme battue) : ça libère la parole des familles. Néanmoins, il est important de se renseigner auprès de la famille pour savoir si elle est d’accord pour qu’on parle de la violence (ex : si l’homme battait sa femme).

Courte biographie du défunt :

« N est mort dans sa xx année ». On peut faire une courte biographie qui retrace la vie du défunt. (Jeunesse-vie maritale-vie professionnelle : il s’agit d’une sorte de CV bâti à partir de l’écoute de la famille, on peut lui indiquer ce qu’on pense dire, en tant que pasteur).

Témoignages personnels :

Les gens souhaitent souvent s’exprimer. La difficulté est qu’on ne sait pas à l’avance ce que les gens vont dire.

Accompagner les gens dans ce qu’ils veulent dire.

R. Picon : « L’Eglise nous fait confiance ». 

Le célébrant a le droit de savoir ce que les gens vont dire.

Parler du mort à la 3èmepersonne fait sens car il est décédé : c’est aussi une manière de prendre acte de la mort. 

! On ne parle pas aux morts.

Le message à exprimer doit être très court et à la 3èmepersonne, sans parler au mort. Le sf est aussi là pour prendre en compte la mort.

On peut légitimement demander et dire qu’on veut voir ce qui est écrit(envoi par mail ou autre), en tant que célébrant.

On a également le droit de refuser à ce qu’une personne, au dernier moment, veuille faire une intervention.

! Pas d’apologie du défunt.

! On est maître du temps, car on est en relation avec les pompes funèbres.

Dire aux gens : « Nous vous accordons 2min/5min/10min… »

Nous avons un travail de garant de ce qui va se vivre.

GESTION DES INTERVENTIONS IMPREVUES :

Ex : « Le chef de famille est là : il doit parler ». Cadre : famille africaine, avec rapport d’autorité. Parfois, on peut être débordé. Dans ce cas, ne pas laisser le débordement trop longtemps. Une astuce peut être de se lever pour couper l’intervention trop longue qui déborde.

De même, si les gens pleurent en continu, au début :

« Maintenant, on commence. » Il faut en effet que les gens aillent de l’avant.

REPRESENTATION D’UNE EGLISE AVEC SES CONVICTIONS :

Ex : si habitudes particulières, liées à une église africaine, par ex.

Affirmer qu’on est dans un lieu de culte, une église avec ses convictions. S’il est important de respecter la culture ecclésiale des personnes, nous représentons aussi une église : la façon dont notre église affirme les choses est aussi respectable, sans nier les origines des familles. S’adapter dans notre temps et notre théologie.

PLACE DES TEMOIGNAGES DANS LA LITURGIE :

A mettre avant la prédication : entre la prière d’espérance et les lectures bibliques. Doivent être faits dans un temps limité. Savoir ce qui va se passer et à quel moment. Appeler les personnes nommément. Si on a peur que ça déborde, on n’est pas obligé de laisser des témoignages se faire.

« Nous voulons nous souvenir avec reconnaissancela vie que Dieului a donné » : il ne s’agit pas de faire un procès concernant la vie du défunt, seul Dieu connaît entièrement sa vie.

A noter : si on ne se sent pas de faire un sf, ne pas le faire. Important de ne pas se mettre en difficulté.

  1. 3.    PRIERE D’ESPERANCE (nommée « Prière d’ouverture » chez les luthériens)

Manifester la confiance en Dieu et parler du défunt. Ne pas se lancer dans une biographie, mais donner quelques éléments de la vie personnelle du défunt (sans aucun élément secret) : mettre de la chair dans ce qu’on dit.

On peut parler par ex. :

- d’une enfance marquée par la guerre

- de vie de couple + enfants

Lors de l’entretien :

Les gens se précipitent sur les derniers moments de la vie du défunt. Il est nécessaire de faire parler les familles aussi sur les débuts de la vie du défunt : la jeunesse, les débuts. Il y a des tas de choses dont beaucoup qu’on ne dira pas.

Formules liturgiques :

« Seigneur, tu es Père dans la vie et après la vie… »

« Merci Seigneur pour XX, pour sa fidélité, son engagement, pour l’amour reçu et donné »

A noter : liturgie luthérienne sur les personnes en handicap ou longue maladie

« Fais vivre x dans ta paix, où plus personne n’est rejeté à cause de ses déficiences, n’a à lutter contre les exclusions… ».

La notion de résurrection : pour beaucoup de gens, c’est pour la fin des temps. Le deuil est une sorte de mort. Parler plus de vie pour les familles endeuillées : elles ont une nouvelle vie à vivre.

  1. 4.   PRIERE AVANT LA LECTURE DE LA BIBLE

Dans l’entretien, expliquer à la famille comment va se dérouler le sf. Les textes bibliques et la prédication sont le cœur de tout culte protestant.

Proposer à la famille de choisir les textes bibliques.

Plusieurs possibilités se présentent :

- le défunt y a pensé à l’avance, avec un pasteur ou tout seul (ou encore des chants). Le fait que le défunt ait choisi un texte est signifiant.

- La famille elle-même propose un texte pour diverses raisons. Il est alors important de demander à la famille ces raisons sans se laisser guider par la famille dans l’exégèse du texte : je ne suis pas enfermé(e) dans ce que la famille a compris/entendu du texte, ce ne sont pas des contraintes.

Cela dépend souvent des familles, des régions :

En Suisse, on choisit pour la prédication le verset de la confirmation du défunt, ou bien le verset du mariage du défunt ou bien encore un verset important dans la vie du défunt.

Dans ce cas, on peut le dire au moment des lectures et en faire quelque chose au moment de la prédication.

- La famille n’a pas d’idées et nous fait confiance dans le choix des textes. On peut en soi prêcher sur n’importe quel texte. De préférence, privilégier un seul texte biblique.

Pour choisir le texte biblique :

- Il peut y avoir des gens absolument pas croyants, donc il ne faut pas que le texte choisi soit trop long.

- Les éléments de la vie du défunt peuvent orienter les choses (goûts, passions du défunt). Par exemple : pour quelqu’un qui a été navigateur, on peut prendre texte de la tempête apaisée (tempêtes de la vie). Le deuil est aussi une forme de tempête.

Pour quelqu’un d’agriculteur, jardinier : Es 40 « toute chair est comme l’herbe…fleur ».

« La vie est comme un bouquet de fleurs, avec des épines et des branches cassées. »

Se rappeler :

La prédication n’a pas pour objectif de parler de la vie du défunt. Elle doit parler aux vivants, mais avec une accroche sur la vie du défunt. Le choix de texte doit se faire en résonnance avec l’écoute. Le texte doit donner un élan de vie, de la confiance aux familles.

Quelques textes « classiques » possibles (dans plusieurs circonstances et avec des variantes personnalisées) :

- Ps 23

- Le récit d’Emmaüs : chemin de vie avec des déceptions, cailloux sur le chemin.

- Es 40,6-8

- Mt : texte sur les béatitudes

- Jn 5 et Jn14

Jn 14 et Ps 23 sont un peu les « incontournables ».

Le service funèbre prend place rapidement : on a 4 jours et parfois moins pour le préparer. Ainsi, on peut se resservir des mêmes textes si on se sent à l’aise.

« Lire et Dire » : revue suisse pour prédicateurs laïcs. Il existe 3 numéros spéciaux sur les sf. Ils proposent un bon choix de textes intéressants.

  1. 5.    CONFESSION DE FOI :

Celle en « malgré » marque beaucoup les gens et est souvent entendue avec beaucoup de reconnaissance, car il s’agit d’un texte ouvert (et non normatif) : les non croyants ont une place.

On peut éventuellement proposer à 1 famille de choisir 1 confession de foi : on peut alors leur proposer 2 à 3 ou 3 à 4 textes. C’est une manière d’associer la famille à ce culte.

  1. 6.    PRIERE D’INTERCESSION :

Celle proposée est un modèle pour tous. On peut nommer les proches en deuil, pour les porter, eux, dans la prière. Penser également à ceux qui ne sont pas là : la famille qui n’a pas pu venir, les gens qui ont été empêchés de venir. L’humanité ne s’adresse pas à des foules mais à des personnes.

L’intercession : ouvre à plus que ceux qui sont dans la peine. Elle a une dimension universelle. Elle est destinée à porter aussi les autres qui sont en deuil.

Nous ne sommes pas appelés à rester repliés sur nous-mêmes, même si la souffrance engendre souvent un repli sur soi : dans la foi, nous sommes amenés à l’ouverture à autrui.

Il est important de réinscrire les personnes dans une commune humanité : tout le monde est touché, pas seulement la famille.

« Prière universelle » : tous ceux qui sont touchés par le deuil, la tristesse.

« Toi dont le nom est un nom de Fidélité/Tendresse/Confiance, porte X dans la confiance… »

  1. 7.   NOTRE PERE

Présent au niveau de la dernière page dans le recueil Alléluia.

On est parfois tout seul à le dire. 

  1. 8.   ANNONCES

Annoncer quand il y a :

- un registre de condoléances(au fond du temple généralement)

- un verre de l’amitié(avant le cimetière ou après)

- une offrande(ça dépend des endroits et des situations : s’il n’y a que 10 personnes au culte, ce n’est pas la peine). C’est sous forme de corbeille à la sortie (pas comme dans un culte). Cet aspect peut être géré par la famille : peut demander ou ne pas vouloir. L’offrande est destinée à l’église. Si c’est pour une association, la famille s’en occupe.

La question de combien on doit demander à la famille en offrande est à régler pendant l’entretien.

  1. 9.   ENVOI ET BENEDICTION

La résurrection :

Le critère essentiel : ce que je dis doit rejoindre les gens. Ainsi, on peut parler de la résurrection sans prononcer le mot.

Idée : Le deuil n’est pas votre avenir, une vie vous attend.

Certaines personnes ne savent pas ce que c’est que de vivre sans leurs parents : c’est la fin d’un monde mais pas de leur vie. La résurrection se passe aussi dans notre vie. 

Si nos formulations d’Eglise ne rejoignent pas les gens, c’est inutile.

Si on parle de résurrection, s’assurer de l’avoir défini, que les gens savent ce que c’est et que c’est important pour eux. Rejoindre les gens là où ils sont : pas seulement le chagrin d’un deuil mais aussi l’ignorance de tout ce qui concerne la foi.

Important : formuler dans des mots de tous les jours des choses qui relèvent de notre conviction profonde : traduire, rendre les choses compréhensibles, accessibles.

Particularité luthérienne :

Au moment de l’envoi et de la bénédiction, on peut avoir une prière pour remettre le défunt à Dieu. Cela est étonnant car on a affirmé que le défunt était déjà avec Dieu.

Mais en même temps, pour ceux qui sont loin, il y a dans cette formulation des mots qui apaisent. Il y a l’autorité pastorale qui affirme que le défunt est au Paradis : cette antienne soulage les gens.

Une manière de faire plus réformée : remercier Dieu d’avoir déjà accueilli le défunt.

QUESTIONS ET ASPECTS PRATIQUES GENERAUX

LES LIEUX :

Quand on est averti d’un sf, prendre contact avec les pompes funèbres : le lieu et l’heure se décident avec nous. Les obsèques = une date, une heure, un lieu, un agenda

Etapes de la maison/culte/cimetière : 

On peut faire les 3 étapes ou que le culte. Si le défunt était très impliqué dans la paroisse, on peut faire les 3 (c’est mieux).

Réfléchir à la question : a-t-on le temps d’accompagner cela ou pas ?

Pour des antillais, par ex : veillée/prière de 2 jours.

Les accompagnants sont parfois face à des particularités culturelles, pas évidentes à gérer. Il est alors possible de dire qu’on n’a pas le temps.

Tout ne se fait pas au temple. Parfois tout se fait au cimetière ou au crématorium. Selon les lieux, la cérémonie n’aura pas la même durée.

Au cimetière : il y a des horaires d’ouverture.

Ex : sf à 14h00 et cimetière à 16h00. Il est important d’être à l’heure au cimetière (pour employés).

Y a-t-il un lieu où on peut être à l’abri(s’il pleut) ? Cela va dépendre de la météo (-5°C/ 40°C) et de la présence de personnes âgées.

Il faut remplir un registrepour le sf, même pour un culte au cimetière.

Dans le cas d’un culte au cimetière, faire plus court(30 min max) car les personnes sont debout et il peut y avoir la problématique de la météo.

Arriver en avance et voir les éléments pratiques clefs :

- si une réunion est possible autour de la tombe

- où on se réunit dans le cimetière lui-même

Dans les Cévennes : le sf n’a lieu qu’au cimetière par ex. Il y a parfois éventuellement un culte d’action de grâce au temple.

Si le sf ne se fait pas chez nous :

S’assurer que la communauté locale qui nous reçoit pour le sf est bien au courant. 

+ Demander la présence de quelqu’un pour :

- le chauffage, l’éclairage

- passer un CD éventuellement.

Il est important d’arriver toujours en avance pour prendre la mesure des lieux.

Ceci aussi afin d’éviter toute interruption malencontreuse. Si ce n’est pas chez nous, il faut qu’une personne de la communauté soit présente.

Pour les questions pratiques : avoir quelqu’un qui s’en charge. 

Ne pas être seul dans la démarche (appeler l’organiste, etc), car il y a beaucoup de paramètres à gérer en très peu de temps.

NE PAS OUBLIER L’APRES :

L’après est de l’ordre du témoignage. Ne pas oublier de reprendre contact avec la famille.

LES GESTES :

Les luthériens peuvent se signer.

Attention, les pompes funèbres peuvent avoir des habitudes catholiques. Leur demander d’enlever le crucifix/l’encensoir au crématorium par ex.

Au niveau du cercueil en tant qu’officiant :

Ne pas faire de geste pour le défunt, pas de bénédiction du corps : l’au-revoir est déjà fait, ne pas se catholiciser. 

Pour les catholiques :

Le prêtre va indiquer que le défunt va à Dieu : prière pour le défunt.

Pour les catholiques, le baptême est un moyen de salut (mort/accès à Dieu/baptême).

Le cercueil est béni : aspersion d’eau qui symbolise le baptême

Pour les protestants :

Ce qui me justifie devant Dieu ne sont pas mes actions, mais la vie devant Dieu.

Accueil inconditionnel de Dieu. A la différence des catholiques, on n’invoque pas le baptême.

POSITION DU CERCUEIL DANS LE LIEU DE CULTE :

Pour les catholiques : le prêtre va faire que le défunt rejoindra Dieu.

Le cercueil sera tourné vers l’autel.

Pour les protestants :

Les pieds doivent être tournés vers la sortie et la tête vers le fond du temple.

Voir avec le maître de cérémonie et les porteurs : en effet, la position du cercueil est théologiquement importante, pour manifester le sacerdoce universel.

QUESTION DE LA PRESENCE DU CORPS DANS LE TEMPLE :

Le choix est fait par la famille.

Historique : 

Dans l’église réformée, il n’y avait pas avant de cercueil dans le temple.

- L’inhumation se faisait dans l’intimité (psaume, prière).

- Ensuite, il y avait un culte d’action de grâce au temple.

Ce déroulé se retrouve quelquefois encore, mais rarement.

A l’origine, le protestantisme français s’est construit en opposition au catholicisme. La volonté était  de manifester que l’on n’a pas à se soucier des morts car Dieu les a accueillis (Calvin).

Inconvénient : cela évacue le deuil. Ainsi, les cercueils sont revenus dans le temple au fur et à mesure. 

Ne pas vouloir cacher/évacuer la mort de manière générale

Le cercueil dans le temple dit la mort : celle-ci est à dire, à ne pas cacher. Eviter les expressions du type « Dieu l’a rappelé ». Il est important d’affirmer la mort, pour affirmer la résurrection.

RENDEZ-VOUS AVEC LA FAMILLE :

Souvent la famille prend d’abord contact avec les pompes funèbres, qui organisent.

Soit la famille prend contact avec nous, soit on prend contact avec la famille pour la rencontre.

Lieu de la rencontre :

La rencontre se fait : 

- soit chez la famille

- soit au temple

Ecoute de la famille est essentielle :

Ecouter sans jugement (sans sursauter si des conceptions étranges, parfois « magiques » sont exprimées). Ex : veillée de 3 jours, car le 4èmejour seulement l’âme part enfin. Par contre, on peut dire comment l’Eglise comprend la mort.

Dans ce cadre et dans une notion d’accueil, prévoir :

- les mouchoirs

- un verre d’eau

- café ou thé

Porter de l’attention à ces familles, être compatissant.

Laisser les gens dire ce qu’ils ont à dire d’abord, même si ce sont des horreurs.

Pas de « jolisme » : même si la défunte était exécrable, ne pas chercher un bon côté à la personne. Il est important de savoir exprimer dans la rencontre ce que les gens ressentent et l’exprimer.

Ex : « vous ne l’aimiez pas du tout alors ? » « Ah non ! ». Laisser les gens s’exprimer.

Faire preuve d’une écoute active et reconnaître l’autre dans ce qu’il va dire. (Hubert Auque)

Etre présent, sans juger. On est amené à dire ce que l’Eglise croit, sa foi sur les défunts, sur la mort.Mais il ne s’agit pas non plus de faire un cours de caté.

Dans la rencontre, c’est un humain qui se fait proche d’un autre humain. Même quand la personne était exécrable et qu’on ne la regrette pas au fond, c’est toujours un deuil. C’est un deuil autrement.

Parfois, les familles sont désunies : on sent des conflits latents. Ne pas obliger les gens à le dire.

Questions à poser à la famille : 

*Demander à la famille de parler du défunt, de dire sa peine. 

*Demander aussi à la famille si elle veut choisir ou non des textes bibliques, la confession de foi.

*Il est important aussi d’aborder la question de la musique :

- Ce peut être l’instrument du temple : l’orgue, si l’organiste est disponible

- ou bien un accompagnement CD (Bach, par ex).

Il est important d’avoir de la musique. Demander à la famille pour le choix de la musique.

Attention aux musiques de variété : certaines peuvent passer ou être mises à la fin. Avoir du discernement sur la question. La famille doit savoir ce qu’est un service religieux.

L’idée est d’honorer la personne, nous sommes dans une église, dans le cadre d’un culte. Recadrer simplement le cas échéant.

Cantiques :

On chante des cantiques si :

- suffisamment de personnes sont présentes (pas 5 dans un temple de 200)

- si les personnes savent chanter.

A noter : il faut que les gens chantent si l’on met une chanson ou un cantique. Dans ce cas, il faut qu’il y ait des cantiques ou nécessité de faire des photocopies.

Question du don à l’église :

Parler aux familles du fait de faire un don à l’église. Cela permet à l’Eglise d’accueillir toute personne qui se tourne vers elle. L’Eglise ne vit que des dons.

Demander au CPle montant habituel pour un sf : quelle décision éventuelle a été prise ? Y a-t-il une fourchette de tarifs ou une somme prévue ?

L’Eglise a aussi besoin d’argent. Bien-sûr, ce n’est pas un service qu’on paie : si les familles sont pauvres, ne pas les faire payer. Mais il est important de ne pas se sentir gênés. Se renseigner auprès du CP.

Parfois, les gens ont un contrat d’obsèquesqui prévoit un montant à verser directement à la paroisse. Pour ces questions d’argent, ne pas se défausser sur les pompes funèbres et s’en charger.

L’Eglise : notion de gratuité essentielle, mais elle a des charges réelles, comme le chauffage et l’électricité, qui sont aussi importantes à prendre en compte, notamment dans cet accueil à tous.

Possibilité d’introduire le sujet par :

« Il serait raisonnable de donner… »

« Le CP a fixé un montant de … »

Libre participation, en fonction aussi de ses revenus.

Demandes potentielles de la famille : 

Peut-on apporter des photos du défunt ?

Ne pas les mettre sur le cercueil mais sur la table à côté.

Parfois certains mettent 2 photos dont l’une à côté du registre des condoléances.

Demande de projection dans le temple(ou par ex au funérarium) :

Notamment un montage avec des photos sur la vie du défunt. Indiquer que même au funérarium, on fait un culte. Donc, si le cas se présente, indiquer à la famille qu’elle peut faire sa projection après le culte, en tous cas que ce n’est pas possible pendant. Il est important de faire un vrai culte, avec une notion de recueillement.

Peut-on faire une Ste Cène ?

Ne la faire que s’il y a une demande et dans le cas de personnes très engagées. Mais ce type de demande est assez rare. C’est une question de sens, la famille doit en comprendre le sens.

Demande d’une prière ou d’une messe pour les défunts : 

Dans le protestantisme, nous avons l’assurance que Dieu accueille le défunt. Cela semble très peu par rapport au catholicisme. Dans le protestantisme, nous avons une seule conviction qui suffit. Se souvenir de la question de la médiation : dans le catholicisme, ça passe par l’officiant (le prêtre est « in personna Christi ») que le défunt aille à Dieu, mais ce n’est pas le cas dans le protestantisme. Rien ne nous sépare de Dieu. L’événement Jésus Christ nous permet d’affirmer que rien ne nous sépare de Dieu, rien en nous : on ne participe en rien.

CULTE D’ACTION DE GRACE : On peut rendre grâce à Dieu dans toutes les circonstances.

Même dans la peine, rendre grâce à Dieu pour ce qu’on a reçu de Dieu et pour ce qu’on a reçu du défunt. La dimension de la reconnaissance est importante, elle est un des fils qui conduit à la sortie du deuil. On peut travailler le souvenir du défunt de façon à ce qu’il ne pèse plus sur la vie des vivants. Quand on peut remercier de ce qu’on a reçu du défunt, ça porte en avant. 

Un culte d’action de grâce en soi peut se faire dans la peine (deuil) comme dans la joie. On peut dans un culte d’action de grâce, faire une prière pour remercier d’avoir obtenu des papiers longtemps attendus. Mais le mieux est de l’insérer dans le cadre d’un culte dominical.

- Question d’un culte 1 an après le décès ou 5 ans après le décès :

Dans le protestantisme, on ne multiplie par les cultes d’action de grâces. Mais on peut déplacer la demande. Par exemple, on peut faire un moment de prière en rapport dans un culte dominical pour remercier de ce qu’on n’a pas été vaincu par la mort, de la sortie (ex : culte des éprouvés, de ceux qui ont été endeuillés une fois par an).

On peut faire un culte « des éprouvés » (pour les vivants et non pour les morts) : un culte pour ceux qui n’arrivent pas à sortir du deuil, pour les aider, les soutenir dans leurs souffrances. C’est une manière de réintroduire de l’anthropologie dans nos théologies. 

RAPPORT AUX POMPES FUNEBRES :

On peut être approché par elles pour un service funèbre pour des personnes sans aucun rapport à l’Eglise. Signifier alors que l’on est dans une église particulière : il y a des choses qui ne se font pas (pas d’encens ou de gestes d’adieux).

Il est important de dire l’inacceptable pour soi et pour l’EPUF qu’on représente. On n’est pas n’importe qui.

O. Abel : « Pour accueillir les autres chez soi, il faut avoir un soi ».

Quand on est dans un lieu (temple, crématorium, funérarium, cimetière), quand on intervient, nous seuls décidons de ce que nous faisons.La seule contrainte est le temps. Si nous sommes là, c’est nous qui parlons. Pas de rajout à dire/faire, pas d’intervention des pompes funèbres. Etre vraiment ferme sur ce point.

QUESTIONS POSEES

CIRCONSTANCES INTERRELIGIEUSES (protestant/autre forme de religion)

Si le service se fait dans le cadre de l’église, ce sera dans le cadre (même si adaptations) en accord avec le CP.

On peut faire preuve de souplesse, mais il s’agit d’un culte. Certes l’Eglise se doit d’être accueillante et de faire place à la différence. Mais si c’est au temple, c’est un culte protestant, il y a des indispensables (lire la Bible, etc.).

Il faut que ce soit clair pour eux pourquoi ils nous ont demandé cela à nous.

CAS AVEC CATHOLIQUES :

Il peut arriver que toute la famille soit catholique et que seul le défunt soit protestant. Donc, la famille fait appel à nous car cela leur semble naturel que pour le défunt la cérémonie se passe au temple.

Mais, ne pas oublier que pour nous, en tant que protestants, le sf s’adresse aux vivants.

Ainsi, possibilité face à une famille catholique qui aurait vraiment besoin que le sf se fasse selon le rite catholique : « si c’est important pour vous (gêne réelle) que ça se passe à l’église catholique, vous pouvez y aller, car dans le protestantisme, le sf est pour les vivants ». Cela peut grandement libérer la famille. Il est important d’aider la famille à trouver son propre chemin. 

Si la famille, bien que non protestante, s’adresse à nous par fidélité au défunt (père ou mère par ex), si cela fait sens, c’est une raison importante à prendre en compte. En fait, il est nécessaire de se rendre compte si le sf aurait plus de sens ailleurs par ex.

Si des incroyantss’adressent à nous une personne non croyante, nous sommes néanmoins dans une démarche d’accueil.

GESTION DES EMOTIONS APRES UN SF POUR L’OFFICIANT

Un sf demande de l’énergie (dans la préparation et la cérémonie) : on porte et on soutient les gens et cela peut être lourd. Un sf peut aussi soulever des émotions.

Il est important de ne pas prévoir tout de suite une activité après, de ne pas reprendre tout de suite le travail. En effet, on peut être confronté à une baisse d’énergie, l’entretien a pu soulever des choses en nous. Il peut y avoir besoin d’un temps nécessaire pour que la tension diminue. On peut prévoir une demi-journée de retrait, se mettre au calme pour tout poser. Dans ce qui se passe dans un sf, on n’est pas indifférent, des émotions sont soulevéeset on n’a pas le temps de penser à soi. Mais il est nécessaire de le faire après.

Au funérarium, avant la mise en bière, on peut être mis face au cadavre :

Il est important de réfléchir avant sur :

- ce que représente la mort pour nous

- ce que représente le corps du mort.

Il faut réfléchir à cela. Car il est trop tard de le faire au moment du sf où il y a beaucoup d’émotions de la famille. Ne pas être entraînés par notre bouleversement intérieur ainsi que celui des autres. Il est important de faire en sorte que les choses avancent, d’aider les gens à avancer. Notre rôle est d’accompagner les gens pour qu’ils ne se sentent pas seuls, de mettre les choses dans une juste distance.

Face à un corps mort : réfléchir à ce que ça représente pour nous, car il peut y avoir un temps de sidération (corps mort = immobilité définitive, radicale). Il peut être impressionnant de voir un corps mort. Il est important d’y penser avant afin de ne pas être trop affectés nous-mêmes.

Penser à notre propre accompagnement :

On a été écoutant et il est nécessaire aussi d’être écouté.

Le pasteur doit être accompagné. Face à des émotions qui nous submergent, avoir un lieu où déposer tout ça. En tant qu’officiant, on peut ainsi voir un pasteur. Penser au lieu d’accompagnement d’écoute.

Si on a vécu des deuils de proches, les revisiter :

Cela donne une base sur laquelle on peut avancer hypothétiquement. 

Quand on est trop affecté, on se ferme, on a alors moins de présence et d’écoute. Il est donc important de réfléchir avant.

RAPPORT AU CORPS

Dans le protestantisme : nous avons la conviction profonde que les défunts sont recueillis en Dieu. Nous n’avons pas à nous demander ce qui va se passer.

Pour la famille : le défunt, c’est encore la personne(envie de lui parler, de l’embrasser). Mais ce n’est plus possible de manière immédiate. Pour certains, le corps mort est encore la personne vivante. Il faut couper cela, s’en détacher. On peut en parler.

Cas d’un corps donné à la science(état de mort récente, pas de thanatopraxie : joues creuses, yeux enfoncés) : très dur.

Dans le cas d’une crémation : l’urne est restituée à la famille et l’urne est à placer dans un columbarium. On peut dialoguer avec la famille sur le corps du mort.

L’urne va-t-elle au temple ? Elle peut passer directement par le funérarium.

L’urne dans le temple manifeste un attachement au corps qui n’est plus là. On peut envisager un accompagnement au columbarium(après réception sous 3 mois).

Dans le temple : pas de nécessité de l’urne, on peut faire un culte d’action de grâce.

Les deuils se vivent très différemment selon les gens, les décès. Ne pas se laisser aller à des formules généralisantes. On peutvivre le deuil sans avoir de corps.

PHASE AVANT LA MORT

Comment accompagner un mourant ? Grand désarroi : que dire ? Que faire ?

Se souvenir que le mourant est une personne vivanteet chercher à savoir :

- de quoi elle a envie ?(chant ? lecture ? autre ?)

- de quoi elle a besoin ?(elle peut manifester ou cacher sa peur).

Quels textes bibliques ou chants ?

Poser la question à la personne : on peut lire ? Y a-t-il un passage que vous voulez entendre ?

Proposer à la personne mourante : 

- prière

- lecture biblique (choisie ou non par la personne)

- chant (que la personne aime).

Proposer à la personne mourante quelque chose qui lui fasse plaisir : si elle a un texte qu’elle veut entendre, lui lire. Ce peut être la lecture du texte de dimanche dernier. Si on propose de choisir, on peut proposer le texte du dimanche, pas forcément un texte spécifique à sa situation de mourant.

Objectif : aider cette personne à accepter qu’elle va mourir, l’apaiser face à la mort qui représente l’inconnu. Qu’est-ce que je vais pouvoir dire ou faire qui pourra aider cette personne ? Etre en phase avec la personne.

Si craintes, message de paix à apporter : « n’aies pas peur, tu es attendu quelque part », faire notre deuil en Christ.

Souvent un sentiment de solitude : il n’est pas toujours nécessaire d’apporter des mots, on peut juste prendre la main. On peut se taire et juste donner la main : signe d’une présence aux côtés de la personne.

Les proches du mourant :

Sentiment de solitude

Pour un proche, c’est difficile de faire face au mourant. Il y a la pensée « je ne vais plus voir mon père/la personne », il y a cette peur qui paralyse. Il est nécessaire de faire taire cette peur afin d’être pleinement présentpour la personne qui est encore là.

La mise en bière :

On referme le cercueil : c’est l’au-revoir, la séparation d’avec le mort, le moment où la famille peut se dire « c’est fini ».  

APRES-MIDI : PREPARER UNE PREDICATION POUR UN SF

CONSTRUCTION :

  1. Longueur de la prédication :

La prédication ne doit pas être trop longueet doit l’être encore moins si elle se fait au crematorium ou au funérarium.

Si l’on fait, par ex. 5 pages pour une prédication dominicale, on fait 3 pages pour une prédication dans le cadre d’un sf. La prédication ne doit pas dépasser 10 min

Elle doit faire entre la moitié et un tiers d’une prédication dominicale. Si une prédication dominicale fait 1500 mots, celle pour un sf fait par exemple 719 mots, soit 8 à 10 min.

Adaptation selon le lieu

Si l’on fait 3 pages pour une prédication au temple, faire 1page ½ pour une prédication au cimetière.

  1. 2.   Style : 

Sobriété protestante : Il est nécessaire d’être sobre et percutant.

Ne pas chercher à tout dire de ce qu’on trouve dans un texte mais suivre un fil sans se disperser. Lors d’un sf, la prédication est très écoutée.

Etre simple, bannir le vocabulaire habituel théologique : parler en français courant.

Objectif : dire en prédication ce qu’on peut entendre du texte qui puisse rejoindre les famillesen deuil. La prédication dans un sf est à la fois l’annonce de l’Evangile, ce dans des circonstances particulières. Le but du sf est d’aider les gens à passer le deuil en leur donnant l’espérance de la sortie du deuil.

  1. 3.   Contenus :

Parler un peu du défunt(être en résonnanceavec ce qu’on a entendu de sa vie). Mais la prédication ne doit pas être saturée du défunt car il s’agit justement de le quitter. Ce qui est important est la vie à vivre. Les souvenirs du défunt ne doivent pas être des poids.

La prédication doit contenir des éléments qui vontaider les vivants à vivre. Le défunt ne doit pas devenir le modèle à suivre.Son parcours peut avoir certains échos pour nous les vivants, il y a certains éléments de son parcours dont le sens peut être offert à tous (par ex. le fait le que le défunt lui-même ait un vécu en ce qui concerne les deuils). Partir des éléments communs par le défunt et le reste de l’humanité : donner à entendre les éléments partageables. Dans ce cadre, il ne faut pas être trop précis (cela demande juste que la famille en ait parlé).

Il est important de faire un lien, en tous les cas, entre ce qui est dit et la vie du défunt.

EXERCICE SUR LE PS 23

1)    Structurer le textedu Ps 23 (souvent pris comme texte dans les sf)

+ Faire état de ce que nous dit le psalmiste en 2-3 points.

Plusieurs possibilités et exemples donnés.

Par ex : 

- V.1-3 : Repos/abondance, Dieu soutien/guide

- V.4-5 : Difficultés/combats dans la vie, confiance : pas de crainte à avoir

- V.6 : Avenir et assurance en Dieu, reconnaissance.

Plusieurs points marquants : 

- Notion de proximité de Dieu, qui comble nos besoins, sa présence qui guide et soutien

- Confiance dans l’épreuve : notion de protection

- Reconnaissance en forme de confession de foi

Autres idées :

- huile sur la tête : onction, attention de Dieu pour la personne, importance particulière de la personne pour Dieu.

- réconfort, espérance : notion de paix

2)    Comment utiliser les éléments du texte dans une prédicationadaptée au sf ?

Comment peut-on utiliser les éléments soulevés dans une prédication de sf ? Quelle interpellation ? Qu’est-ce que le psalmiste veut nous dire à partir de ce texte ?

Face à ce type de textes que l’on connaît par cœur, comment annoncer l’Evangile aux familles en deuil et à des gens pas particulièrement croyants ? Ceux qui nous écoutent ne connaissent pas forcément l’Eglise/ce texte et vivent un manque cruel. Comment proposer ce texte du Ps 23 en situation (la situation évoquée par le psalmiste est peut-être antérieure à celle qu’il décrit maintenant dans le psaume)  

Comment ce psaume peut rejoindre ces gens qui ne lisent pas ce texte habituellement ?Comment, à partir de là où les gens sont, les amener vers la paix, le repos.

« Le mal que je ne crains pas » : or, les gens peuvent avoir encore beaucoup d’adversité (ruptures, décès). Le Seigneur n’est pas celui qui nous protège de tout : on n’est pas épargné de tout mal, même lorsqu’on est chrétien.

« Pourquoi je ne crains rien ? » Accompagner les gens de la souffrance où ils sont vers la restauration, accompagner les gens vers le Restaurateur.

Dire des mots sur la peine, la douleur, le manque.

Le but de la prédication n’est pas de faire des croyants, mais de faire un bout de chemin avec eux. Partir de là où sont les gens.

Pour pouvoir dire « je ne manquerai de rien », il faut avoir manqué.On peut reconnaître ce qui nous manque : la paix, restauration, besoin d’un berger. Il y a quelqu’un qui manque à la famille dans le cadre d’un décès.  On passe tous par des périodes de manque. On peut manquer de nourriture, de reconnaissance… On a des adversaires. Il y a de l’adversité dans nos vies. Le défunt a connu de l’adversité également.

Nous avons tous connu la fragilité de nos existences et l’adversité. C’est quand on en a fait l’expérience et quand on a conscience que ça ne nous sera pas épargné, même si on est croyant, qu’on peut affirmer ce que dit le psalmiste.

Construire quelque chose à donner : quel message vais-je leur apporter dans la situation où ils sont ? 

Dans toute situation, les gens ne sont pas livrés à eux-mêmes, même le défunt dans la mort (cette inconnue) n’est pas livré à lui-même. Nous ne sommes pas livrés à nous-mêmes dans la vie comme dans la mort.

Important de délivrer un message qui soit une Bonne Nouvelle.

Le psalmiste, David face à ses adversaires : image de l’hôte qui reçoit son invité avec un honneur immense (huile d’onction). 

Chacun de nous est regardé par Dieu. Il n’est pas moins que rien mais très précieux face à ses adversaires. Nous sommes très précieux aux yeux de Dieu.

Idée du repas, de la table toujours prête :

Ste Cène : morceau de pain qui préfigure l’abondance dans le Royaume.

L’huile dans Ps 23 :

- 1ersens : sert à la guérison des blessures (onction des malades) dans les pérégrinations (chemins caillouteux, difficiles).

- 2èmesens : huile pour une personne importante, l’onction du Messie

Pour des personnes qui sont abattues, dans le cadre d’un décès : ça fait du bien d’entendre dire qu’elles sont très précieuses, ont de la valeur, alors qu’elles se sentent faibles et désemparées.

La notion de présence et d’humanité dans la solidarité du vécu :

Le deuil peut être vécu comme un abandon. Mais nous ne sommes pas seuls.

Quand on a peur ou mal, c’est souvent lié à un manque, parfois de choses vitales.

La peur entraîne alors la fuite ou l’agressivité. Nous ne sommes pas condamnés à la peur : c’est l’opposé du chacun pour soi 

Ce que dit le psalmiste « ne pas craindre le mal » : par son expérience, il est solidaire de tous ceux qui souffrent. Ce psaume me rend plus humain et m’invite à me tourner vers les autres, même s’il est exprimé en »je ».

Se laisser porter par l’Esprit pour lutter contre la peur :

Pour vivre « en confiance et en espérance », ça ne vient pas de moi, mais cela vient de Dieu qui m’insuffle son Esprit pour ne pas céder à la peur, à l’abattement.

A la fin du psaume se trouve une confession de foi.

Cela nous arrive d’être perdus, mais nous ne sommes pas abandonnés par Dieu + pas seuls : présence d’autres humains autour de nous.

Pourquoi m’a-t-on demandé de choisir ce texte là ?

Par exemple, cela peut être car la maman l’aimait.

On peut présenter deux approches :

- la 1ère : douceur du psaume sur la douleur, mais aussi présence d’une puissance venue d’ailleurs. Texte parle d’affermissement.

- la 2ème : ce que ce psaume représente pour l’Eglise.

A noter :

On peut faire 4 prédications différentes sur le même texte.

Les différences vont notamment tenir au fait qu’il s’agit de non croyants ou bien d’une assemblée d’église au niveau de l’auditoire.

 

RESSOURCES

- « Etre en deuil », d’A. Nouis / Meromédia.

Méditation à partir de Lc 24 : disciples désemparés sur le chemin d’Emmaüs font une relecture et une annonce est possible.

« Protestants dans la ville » : Le pasteur Castelnau propose des textes de liturgies.

Site de l’EPUF : toutes les liturgies dont luthériennes

EPUdF – Onglet « Vivre l’Eglise » - Onglet « Prière et culte » - Télécharger les liturgies (réformé/luthérien).

On peut également s’abonner pour recevoir les prédications et les notes bibliques/exégétiques.

« Lire et Dire » (revue suisse pour prédicateurs laïcs. 3 numéros spéciaux sur les sf proposant un bon choix de textes intéressants)

On peut les retrouver en interne (sur le site), à la faculté.

Il existe des études de texte en vue de la prédication. « Lire et Dire » indique aussi les écueils à éviter, les pièges de lectures à bon marché. Bon outil.

Lire et Dire, Spécial services funèbres, n°14, octobre-décembre 1992
Lire et Dire, Spécial services funèbres, n°41, juillet-septembre 1999
Lire et Dire, Spécial services funèbres, n°69, juillet-septembre 2006

POUR APPROFONDIR :

Coll., sous direction de Raphaël Picon, La mort, le deuil, la promesse.

Le sens et les enjeux du service funèbre.

- Dvd « Etres en deuil » (musiques du pasteur Jean Christophe Robert, extraites de chants juifs et chrétiens).

- Cd audio/livret « Accompagner le deuil ».

- ETR 1993/3 tome 68, « L’écoute-accompagnement du pasteur ».

Il existe également des petits livrets d’aumônerie qui permettent d’improviser rapidement quelque chose le cas échéant.

- Jacques Ellul, « Mort et espérance de la résurrection » (Préface Claude Baty, conférences).

 

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