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Service formation et accompagnement pour l'Église protestante unie région parisienne
2 octobre 2019

OSER DEMANDER

Formation du 4e trimestre 2019 

Voir photos après les objectifs et le programme

Oser-demander-2019

Pt-de-CP-10-2019   Le pasteur Robert PHILIPOUSSI ouvre des pistes de reflexion:

 Robert-Philipoussi-72 

Oser demander

Le discernement des charismes et des ministeres locaux 

Ces deux notions, ces deux verbes, ces deux concepts constitueront ma première partie. Histoire de défricher, ce qui nous fournira un peu de nourriture conceptuelle pour la suite. Toujours utile, ne serait ce que pour éviter de faire simultanément des choses complètement disparates en croyant faire la même chose. Toujours utile de ne pas toujours communier dans la croyance fausse que les mots ont le même sens pour tous.

Ma première partie traitera de la complexité de la problématique. Elle s'intitule:

« encore un problème impossible, va t on encore faire semblant de ne pas le voir ? »

Elle dira pourquoi finalement en préparant cette intervention, je me suis dit à un moment que cela allait être vain, qu'au fond, nous n'allions toute la journée que surfer de manière idéaliste et disparate pour rentrer chez soi avec au mieux la sensation d'avoir appris quelque chose, retenu quelques anecdotes, tout en continuant à faire la même chose dans le vague, juste entretenu par le fait que des gens autour semblent faire la même chose que nous et que nous ne savons pas ce que nous faisons. Jusqu'à ce que je me rende compte que finalement pourquoi pas essayer de dire des choses, plutôt que d'aligner des phrases toutes faites, incontestables voire bibliques.

La troisième sera une très courte extraction théorique, de mon point de vue pratique, nourri de trente et une années de ministère, 9 paroisses, un nombre assez important de conseils différents, beaucoup de président.e.s , trésorier.es, catéchètes un nombre très important d'accompagnement de surgissements de vocations, d'engagements. Les réussites, les échecs, mais aussi les disparitions subites, les monstruosités aussi. De très grandes joies aussi, quand enfin je rencontre quelqu'un qui s'engage pour le plaisir propre qu'il y a à s'engager déjà, mais aussi avec cette liberté propre du croyant animé du souffle de Dieu. Cette troisième partie s'intitulerait « c'est beau une église, parfois »

Mon épilogue sera une sorte d'envolée confessante, spirituelle, protestante, sur ce sujet puisque j'ai osé me demander de m'engager sur ce point, devant vous.

 

Le verbe français OSER est assez intéressant à regarder dans sa profondeur car il vient d'une racine latine qui signifie aussi désirer.

Première extrapolation qui n'a aucune prétention de fournir une quelconque preuve de quoi que ce soit : quand j'ose, je désire que quelque chose advienne. Cet enchâssement potentiel du désir dans le fait d'oser pourrait éventuellement nous signaler, dans notre course parfois éperdue au discernement que s'il manque un désir, collectif, ou individuel de « demander » à quelqu'un quelque chose, s'il ne s'agit que de contrainte, de responsabilité, si collectivement on n'a pas forcément envie de cette personne dans notre collège par exemple presbytéral mais que quand même, son CV de gestionnaire, d'architecte, ou de je ne sais quoi qui le qualifierait pour en faire partie et bien ce n'est sans doute pas forcément une super idée. Mais en disant ça, je sais que je ne fournis aucune clé. Qu'est ce que je pourrais justifier pour ne pas laisser être cooptée cette personne que visiblement personne ne désire, mais qui pourrait quand même nous rendre de précieux services, au vu de ses officielles qualités. Aucune clé, mais une piste tout de même : toujours penser, dans le cas de cooptation, à la collégialité, au potentiel du futur groupe qui pourra être créé. Est ce que cette personne va contribuer au maintien ou à la future existence d'un véritable collège et non pas d'une juxtaposition d'experts.

Je me posais aussi la question de savoir pourquoi il n'y avait pas de substantif pour le verbe oser. Comme espérer/ espérance, croire / croyance. Jusqu'à ce que je me rappelle que j'avais un cerveau : c'est le mot « audace », de audere en latin, qui signifie donc désirer et « oser ».

Entre parenthèses, il y a eu beaucoup de sermons sur l'audace du chrétien, mais dans les faits, il n'y a pas beaucoup d'audace, dans nos sermons, dans nos paroles institutionnelles. Il y en a eu chez nos ancêtres, chez les Bonhoeffer ou Boegner ou Trocmé. Il n'y en a plus beaucoup. Je dirais même que cette « audace » était encore naguère valorisée dans les termes – ça faisait bien de le dire – aujourd'hui, tout s'est aplati. Tout le monde regarde ce qu'il faut dire avant de dire. Je ne sais pas comment réveiller ce truc d'oser.

Deux petits détours bibliques vont nous être utiles évidemment, sans qu'encore une fois cela ne serve de fondement irréfutable d'une théorie de l'action paroissiale.

À propos d'oser, TOLMAO en grec dont la racine viendrait d'un autre verbe signifiant une tension vers un objectif , je me suis souvenu de ce passage de 2 corinthiens, une des rares fois où le verbe « oser » n'est pas employé avec une négative (genre : ils n'osèrent plus dire un mot quand Jésus leur cloue leur bec) ça me fait un peu soupirer quand je lis ça, mais je comprends mieux, dans cette énergie paulinienne, l’extraordinaire croissance du mouvement des premiers croyants au Christ, et aussi la lente décrudescence du christianisme en Europe, et aussi du protestantisme, qui a perdu 10 pour cent de ses adeptes depuis les années 70 pour représenter aujourd'hui environ 16 % de la population européenne.

2 corinthiens 11- v16 Je le répète, que personne ne me regarde comme un insensé; sinon, recevez-moi comme un insensé, afin que moi aussi, je me glorifie un peu. 17 Ce que je dis, avec l'assurance d'avoir sujet de me glorifier, je ne le dis pas selon le Seigneur, mais comme par folie. 18 Puisqu'il en est plusieurs qui se glorifient selon la chair, je me glorifierai aussi. 19 Car vous supportez volontiers les insensés, vous qui êtes sages. 20 Si quelqu'un vous asservit, si quelqu'un vous dévore, si quelqu'un s'empare de vous, si quelqu'un est arrogant, si quelqu'un vous frappe au visage, vous le supportez. 21 J'ai honte de le dire, nous avons montré de la faiblesse. Cependant, tout ce que peut oser quelqu'un,-je parle en insensé,-moi aussi, je l'ose !

C'est d'ailleurs dans les lettres de Paul que ce verbe « oser » est employé positivement.

Parce que je ne suis pas en train de faire une étude biblique évidemment, je suis là pour poser des bases d'une future discussion, mais qui sans nul doute se concentrera plus sur la deuxième intervention de la matinée « à qui doit-on oser surtout ne pas demander », je veux simplement faire remarquer que tous les héros bibliques ont une caractéristique commune. Evidemment, c'est celle d'OSER. C'est à ça qu'on les reconnaît, les héros bibliques...ils osent...

Je ne vais pas en faire une liste mais d'Ève à Jésus, en passant par Abraham, Jacob, les filles de Loth, beaucoup de prophètes et leurs actes, Jonas, qui ose désobéir, tous en fait sont des audacieux. Y compris dans leur écriture, comme la personne ayant composé le livret de Qohélet, mais tous les auteurs finalement, brisent des codes, font preuves d'une audace surprenante pour qui a juste envie de le remarquer. Ce simple fait devrait marquer nos consciences assoupies dans un certain attentisme, par exemple vis à vis d'une l'audace divine censée faire le boulot.

Pour en venir au second concept ici, DEMANDER, il y a une série de verbes en grec, dont les usages oscillent entre la requête, l'interrogation ou la supplication mendiante, mais c'est le troisième qui nous concerne « AITEO », celui qui se trouve dans des belles phrases comme : Matthieu 21 : 22 Tout ce que vous demanderez (aiteo) avec foi par la prière, vous le recevrez. OU Matthieu 7 : 8 Car quiconque demande (aiteo) reçoit, celui qui cherche trouve, et l'on ouvre à celui qui frappe.  OU

Marc 6 : 22 La fille d'Hérodias entra dans la salle; elle dansa, et plut à Hérode et à ses convives. Le roi dit à la jeune fille : Demande (aiteo)-moi ce que tu voudras, et je te le donnerai.

En voilà une sacrée audacieuse. On oublie un peu que c'est le mouvement des croyants au Christ Jésus qui, historiquement, a eu la tête de Jean le Baptiste, ce qui ajoute à la personnalité trouble de la danseuse.

Ou aussi, une phrase qui rappelle des souvenirs de déclaration de foi :

Ephésiens 3 : 20 Or, à celui qui peut faire, par la puissance qui agit en nous, infiniment au delà de tout ce que nous demandons (aiteo) ou pensons,

Ce qui nous rassure, dans les cas où nous serions paralysés par une crise de responsabilité.

En grec, c'est littéralement demander « sa part » « son dû », mais plus généralement cela désigne l'intensité d'une demande.

En français, du moins en vieux français, car le terme s'est érodé, la demande c'est quelque chose d'intense. Mander, mandat, c'est requérir pour une mission.

Donc voilà quelques débris conceptuels éparpillés sur cette table , où l'on se rappellera l'audacieuse folie de Paul et les multiples audacieux qui ont constitué notre bible et qui sont nos références, où l'on se rappellera que pour demander avec le sens d'une mission très importante, il faut se convertir à l'audace et non pas voir les choses comme on a tendance à le faire très souvent quand on sent que dans l'Église il faut boucher un trou. Par exemple, si on va aller vers l'autre avec un état d'esprit du style « ça va, ça va, tu fais quoi les dimanches en général, non mais voilà, je pensais à truc, enfin c'est pas grave hein, mais bon une des monitrices a été mutée à Béziers, et donc, bon en même temps tu fais ce que tu veux hein, je me demandais si par hasard, si ça t'amuserait pas de temps en temps de faire l'école biblique, ou pas hein.. » . Faire passer dans la demande que en même temps tout ça, l'église, ce n'est qu'une association de loisirs, utile aux gens quand ils s'ennuient, utile pour fournir à des gens un moyen d'expression – tu veux pas prêcher, tu vas voir c'est intéressant, mais t'inquiète les gens n'écoutent pas, et oublient tout- faire passer en simultané que tout est dérisoire ne correspond en rien avec la notion d'OSER DEMANDER.

Surtout avec une prière ritualisée comme la notre qui est truffée de demandes à Dieu, dont hélas pas grand monde ne voit la grande exigence que ça représente, de nous donner notre pain de ce jour, ou que son nom soit sanctifié ou que son règne vienne.

Je suggère d'ailleurs que les personnes qui ne souhaitent pas spécialement que son règne arrive ne prononce pas cette prière...

Je suggère qu'on comprenne l'audace de nos demandes dans l'esprit véritable de cette prière. 

II- Ma deuxième partie s'intitule ; « encore un problème impossible, va-t-on encore faire semblant de ne pas le voir ? »

Oser, très bien on a compris, demander, ok ce n'est pas n'importe quoi, c'est corrélé à la demande qu'on ferait à Dieu et c'est quelque chose de sérieux. Une demande pour un mandat. Une mission.

Et c'est à ce moment là de ma réflexion que je me suis dit « tout est vain ». Pourquoi ? Parce que il n'y a plus, si jamais il y en a eu, de lieux communs. En gros demander quoi, très bien : entrer au conseil, faire l'école biblique, prêcher, réfléchir sur la liturgie, entrer au conseil régional. On explique les liens organiques de notre église, sa circulation interne, son système, ses règles, ses formations. On évite de recruter les paranoïaques, - qui souvent se proposent d'eux mêmes d'ailleurs, les schizophrènes et les pervers. On fait attention à la collégialité générale, à la dynamique générale.

Très bien.  Mais pourquoi ?

C'est le pourquoi de la mission de l'Église. À quoi sert elle ? Annoncer la bonne nouvelle ? Très bien : et la bonne nouvelle, c'est quoi ? Alors évidemment, tout le monde a sa réponse. Le problème est qu'il y a plein de réponses et que même les mêmes réponses ne vont pas correspondre aux mêmes désirs. Et ce genre de discussion finissent en texte synodal ou une majorité de gens se sont mis d'accord sur un même texte pour ne pas y voir la même chose.

Annoncer le salut personnel, le salut du monde ? Mais ça a quelle forme, quelle couleur et quel goût le salut ? La libération ? De quoi ? De mes péchés ? Embrayer sur l'écologie ? À quoi sert l' Église.

Je ne crois pas qu'il y ait jamais eu d'identité collective qui permettait à chacun de répondre à toutes ces questions oiseuses. Mais je crois en revanche, qu'il y avait, pendant les premiers siècles, une spectaculaire énergie collective qui faisait que c'était évident que si on me demandait d'y participer, je savais pour quoi faire.

Aujourd'hui, cette énergie collective proprement chrétienne, cette dynamique d'engagement a globalement disparu, malgré le néo revivalisme qui embrasse la plupart des nos confessions. 

Mais quelque chose me dit que cela ne suffira pas, que le monde est passé à autre chose,qu'il n'est plus aussi naïf .

Alors oui, c'est vrai, il y a la solution néo revivaliste. Elle fonctionne. Elle inspire y compris le courant mainstream qui en est arrivé à dire par la bouche de ses commissaires porteurs de ce thème que désormais l’évangélisation par exemple n'est plus une question, mais qu'il s'agit simplement de savoir comment la mettre en œuvre..

Le sens de l'Église est évident ici : des gens engagés pour le Seigneur, qui travaillent ensemble et en ordre à hâter la venue du règne, des militants qui trouvent dans l'Église non seulement un sens à leur existence, mais des amis, des compagnons et des compagnes avec qui ils vont passer beaucoup de temps, à étudier la Bible, à faire la fête, à faire de la musique, et avoir beaucoup d'émotion et de recharge d'énergie vitale, à préparer des événements.

Il y a aussi l'évidente solution de l'Église comme base de loisirs et d'occupations pour des gens qui ont envie de trouver là plus de sens qu'ailleurs, parce qu'ils ont cessé d'être engagés ici ou là, parce qu'ils ne font pas de politique, parce qu'ils ont envie de servir à quelque chose – je rappelle que bibliquement on sert Dieu d'abord avant de vouloir servir à quelque chose - qu'ils ont pris leur retraite. Du coup, il faut faire fonctionner cette machine,et pour cela il faut non pas des engagés, mais des bénévoles. Ce mot qui on ne sait comment a remplacé le mot engagés voire militants pour les actions propres de l' Eglise.

Des gens à qui on a peut-être demandé, mais qui surtout qui ont bien voulu faire quelque chose. Merci. Mais cela ne fonctionne bien qu'avec des églises qui ont des gros moyens, pour pouvoir concurrencer les offres extérieures de distractions culturelles. On ne se demande plus à quoi sert cette Église, puisqu'il est évident qu'elle sert à elle-même, comme une micro institution.

Mais pour toutes les autres églises, qui ne partagent pas cette fougue du néo réveil, ou qui ne sont pas comme ces grosses églises auto suffisantes, c'est difficile de répondre à la question « m'engager mais au fond pourquoi ? »

J'ai eu un début de réponse à cette question en me remémorant mes synodes, ma trentaine de synodes régionaux, mes quelques synodes nationaux et souvent je m'y dis qu'il me manque quelque chose. On me parle d'Église régionale, à la rigueur je veux bien y croire, mais je ne la sens pas trop, je ne comprends pas comment un territoire définirait quoi que ce soit, les gens sont là, travaillent ensemble et c'est souvent très beau, mais cela reste un peu idéaliste ; Ne parlons pas du synode national, qui bien qu’extrêmement intéressant et évidemment utile ne me donne pas la sensation d'Église : je ne crois pas à une église de la nation française. C'est totalement une vue de l' esprit. En 1938, date de la création de l'ERF, j'aurais voté contre ! [ reprise improvisée, pour désamorcer, et appuyer ce qui suit:]

Et donc en voyageant dans ma mémoire, j'en suis revenu au local. Là au moins je sais une chose, que cette Église, cette assemblée des gens convoquées, elle existe. Elle peut être fragile et maigrichonne, chevrotante, ridicule aux yeux des autres, disputante, bizarre, pleureuse, folle, orgueilleuse, boursouflée, tout ce qu'on veut, mais elle est là, et c'est la mienne.

Et je me dis tiens, je suis ici, mais aussi je suis d'ici. Cette église correspond à mes attentes, ma recherche, mon inclination, mon désir d'avancer avec Dieu.

Je suis d'ici, et pas de là bas, malgré tout mon respect. Là bas, c'est un microcosme différent, des mots différents, tout est différent.

Mon église a une personnalité. Irais je à dire qu'elle est une personne, une singularité ? Qu'elle a une façon particulière de s'exprimer ? Oui, cette église-ci, la mienne n'est pas « une église universelle », elle n'est pas interchangeable. Elle a ce charme là. J'irais jusqu'à dire : une présence particulière.

Alors si je suis responsable d'Église et que j'ai de l'audace, pour faire des demandes, il est peut-être utile que je me sois penché d'abord non pas uniquement sur ses besoins « alerte, on a besoin de trésorier, de musicien, de telle ou telle fonction », mais que j'ai réfléchi sur la personnalité de mon Église. On ne pense qu'à la nourrir, comme si elle était une oie. Non, c'est une personne qui a envie de se développer selon son propre code. Elle est là pour ça. Il faut donc faire un effort d'intelligence pour ne pas penser à appliquer des recettes, mais pour comprendre où on est et aussi qu'est ce qu'on voudrait oser vouloir, comment cette église veut-elle s'embellir, croitre en sagesse et aussi en nombre. Pas de recettes. Juste de l'attention à une personne et à son identité dynamique, et une certaine résistance à l'encapsulement. À la mise en coupe réglée.

Là, en ayant réfléchi personnellement si je suis pasteur ou président, mais rapidement collégialement à notre identité dynamique et singulière on pourra mieux ensuite oser demander, parce qu'on pourra dire quelque chose d'une église qui n'est pas que la caisse de résonance d'un message universel, mais qui est une présence singulière. On sera fier de demander.

Nos églises dites locales sont surtout représentées dans nos assemblées synodales par des graphiques et des courbes. Je trouve cela presque offensant et je ne suis même pas certain que cela soit nécessaire.

III -Et je finis par ma troisième partie intitulée « c'est beau, une église, parfois » J'en ai vu des engagés qui hélas n'avaient pas compris le sens de l'engagement.

Je m'engage signifierait littéralement « je me mets en gage » mais il faut expliquer à ce futur engagé qu'évidemment s'il est censé respecter son mandat, son « je » est « différent » de son « moi ». Son « je » restera toujours maitre de son « moi » gagé. Et il sera toujours libre de se retirer, de retirer « son gage », qui est son corps vivant composé de son temps, de ses rires, de ses énervements, découragements et joies.

Il faut lui faire sentir qu'il fait un don de lui-même et le remercier de cet acte libre et responsable. C'est n'est pas du bénévolat. C'est de l'engagement responsable.

J'en ai vu des engagés qui avaient été engagés juste ou qui s'étaient engagés pour empêcher. Empêcher un pasteur, empêcher une politique de se développer, faire partir quelqu'un. J'ai vu des embrouilles et franchement, avant toute demande, il faut se demander s'il n'y a pas une instrumentalisation. Il y en a. Parfois, c'est de l'animation. Parfois c'est de l'instrumentalisation de la confiance. Donc derrière des beaux discours, il y a forcément une politique, un souhait vif de quelques personnes qui disons le ont une partie du pouvoir, du pouvoir dire, pouvoir faire aussi, pouvoir orienter. Juste regarder ça en face. Moi, dans mon église, j'ai une politique. J'essaie qu'elle passe par le conseil. C'est pourquoi je garde la thèse très simple de l'église comme personne singulière, pour ne pas m'encombrer de recettes mais pour participer à la découverte de cette personne, qui est façon de parler de la présence de Dieu particulière à cet endroit là.

J'en ai vu aussi des engagés qui étaient passés là juste pour exprimer leurs tensions internes parce que, ailleurs, on ne les avait pas accueillis. L'Église est ouverte à tous, mais pas forcément ses instances de responsabilité. La discrimination ou le discernement passe aussi par là, par des entretiens et par des décisions collectives.

Mais j'ai aussi vu nombre de personnes engagées qui avaient tout compris. Qui n'avaient pas besoin de l'Église, ou d'une église, pour se réaliser. Ni pour conquérir des territoires, ni pour affirmer je ne sais quelle puissance. Mais qui étaient là, librement, en instance de la grâce, prêt à considérer une demande quand elle est bien exprimée, quand elle sait de quoi elle parle et qui n'est pas axée sur la culpabilité ou la contrainte.

Anecdote: quand une personne refuse une proposition que je lui suggère, je me dis que Dieu n'était pas d'accord. C'est un peu fataliste comme a priori, mais je passe rapidement à autre chose et surtout je ne cherche pas à remplacer. La non présence de cette personne va aussi changer le système tel que je me l'imaginais.

Une petite expression confessante.

Personne ne m'a jamais rien demandé. En tant que futur pasteur j'ai demandé à l'être. L'institution m'a agrégée. Merci. Je n'accorde pas l'importance que parfois elle se donne à l'institution, mais je la remercie. Non plus, je ne nie son utilité dans l'instauration d'une solidarité entre les pauvres et les riches. Ça devient très original de nos jours. Des pasteurs payés tous pareils. Des églises pauvres financièrement bénéficiant d'églises riches financièrement. Et je dis bien financièrement. Parce qu'aucune église qui vit, même sans pasteur, n'est pauvre. Elle est pauvre si elle est morte. Mais si elle vit, elle est riche de la présence du Seigneur.

Je crois que toute demande doit être d'abord adressée à Dieu, et ensuite obéir à l'intuition qui est intelligence ultra rapide de l'évaluation de ce qui pourrait arriver avec cette personne. Mais cette intuition doit se corrélér à la présence réelle de la personnalité évolutive de cette église dite locale.

Je crois aussi qu'il est préférable de ne pas demander tout le temps à tout le monde.

Après tout, l'Église est là aussi pour faire des cultes, et permettre à des gens d'entendre la parole de Dieu dans leur intimité singulière. Je ne vais pas demander à ces gens de faire des choses ou les opprimer chaque dimanche avec des annonces culpabilisantes . Ils sont là parce qu'on fait le job. En revanche, si je les vois commencer à s'attarder , à poser des questions, à se découvrir, je commence à me demander si je ne vais pas oser leur demander de participer à cet accueil, au sein de cette église singulière composée de gens singuliers avec son souffle particulier.

Les personnes à risques

Que-dis-la-police Daniel Campala parle de son expérience dans le signalement des personnes à risques.

Marc-Pelcé-bat-le-rappel-des-groupes  Marc PELCE bat le rappel des groupes avant la synthèse.

AME-FPF-Accueil-mineurs

La FPF a édité récemment une plaquette sur l'Accueil des Mineurs en Église. Il est possible de se la procurer au 47 rue de Clichy.

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FPF-AME-Fiche21

L'une des fiches de cette plaquette aborde la question des abus et de la maltraitance en passant par la bientraitance. XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX Pour avoir un historique des formations similaires de plusieurs années précédentes, aller dans la colonne de droite rubrique "CATÉGORIES" et cliquer sur "PRÉSiDENTS & V/Pts de CP"

 

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