LES ASSOCIATIONS ET ETABLISSEMENTS PROTESTANTS

LES ASSOCIATIONS ET ÉTABLISSEMENTS PROTESTANTS AU RISQUE DES NOUVELLES POLITIQUES PUBLIQUES La fameuse RGPP (revue générale des politiques publiques) ne concerne pas que les services de l’Etat et le nombre de fonctionnaires. Elle concerne aussi les délégataires de l’Etat que sont certaines associations. Elles sont appelées à faire mieux pour moins cher. Une autre contrainte va peser très bientôt sur les associations gestionnaires. La mise en place programmée des Agences Régionales de Santé. Celles-ci vont coordonner la médecine de ville, le secteur sanitaire, mais aussi le secteur médicosocial. C’est dans ce domaine (avec en particulier les établissements pour personnes âgées, pour personnes handicapées…) que sont présentes beaucoup d’associations de référence protestante. Elles gèrent des centaines d’établissements. Or le souhait des pouvoirs publics est de passer de 25 000 associations gestionnaires à 3 000 interlocuteurs. C’est un vrai bouleversement qui s’annonce. La transformation du paysage va s’accélérer. Si les coopérations et regroupements peuvent encore se décider librement, la pression va devenir forte, et les conseils d’administration n’auront qu’à obéir aux décisions de l’administration. Ils ne pourront pas choisir avec qui s’associer. La situation d’une partie des associations et fondations protestantes leur permettra-t-elle de réagir sainement ? Et n’y-a-t-il pas danger de dilution de la référence protestante dans des regroupements qui ne seraient pas choisis ? C’est vrai que beaucoup d’établissements sont fragiles. Une bonne partie des associations protestantes ne gèrent qu’un ou deux établissements. Elles affrontent donc avec peu de moyens des réglementations de plus en plus complexes qu’un directeur isolé ne peut pas toujours maitrisé. Il faut ajouter à cela la faiblesse de certains conseils : ils sont constitués de personnes vieillissantes, certes soucieuses de maintenir le patrimoine qui leur a été transmis, mais peu averties des évolutions en cours. Directeurs et conseils affrontés à ces problèmes peuvent aussi céder aux offres de rachat du secteur privé lucratif. La Fédération de l’Entraide Protestante propose aujourd’hui une stratégie commune aux associations et fondations adhérentes. Plutôt que d’attendre ou de simplement résister à l’évolution, elle engage les associations, leurs conseils et leurs équipes de direction, à relever le défi. Il s’agit de maintenir et de développer le réseau associatif protestant grâce à des coopérations et des regroupements choisis. L’évolution récente de la fédération a privilégié une dimension régionale. Les associations ont appris à se connaître, à partager les informations, quelquefois à croiser et partager les compétences. Cette évolution devrait permettre de faciliter des coopérations plus officielles : imaginer des modes de gestion communs entre associations d’un même territoire, entre maisons de retraite d’un même département par exemple, ou entre des établissements ayant des activités différentes mais relativement proches. Et si une association ou un établissement se retrouve isolé, sans partenaire protestant local, alors il faut imaginer comment il pourrait solliciter l’appui d’une des grandes fondations ou associations protestantes. Accepter de passer sous l’égide d’un autre, cela peut permettre de maintenir l’activité, voire de la développer. Et surtout rien n’empêche qu’un comité local, allégé des tâches de gestion, puisse se consacrer à l’accompagnement des personnes, et cultiver les liens avec les Eglises locales. C’est un rôle de garant que la Fédération de l’Entraide Protestante peut et doit jouer dans ce grand bouleversement. Garant dans les discussions parfois difficiles qui doivent s’ouvrir, garant aussi du respect de la culture de chaque association, la fédération veut être un interlocuteur impartial, mais aussi soucieux du devenir commun. Elle s’organise aujourd’hui pour informer et alerter. Ses équipes sont disponibles pour expliquer la situation aux administrateurs. Son service de Conseil est qualifié pour travailler avec les dirigeants sur les projets associatifs. Et elle peut orienter les associations vers les compétences techniques qui seront nécessaires pour mener à bien ces coopérations et ces regroupements. Au moment où les associations et fondations manifestent un nouvel intérêt pour leurs références protestantes, il serait dommage que certaines d’entre elles disparaissent parce qu’elles n’auraient pas saisi les urgences du présent. Si nous voulons ensemble affirmer que le service des autres n’est pas d’abord un marché, mais une responsabilité de la société et une dimension centrale du message chrétien, si nous croyons que le protestantisme a encore quelque chose à dire en à faire dans la société, alors il vaut la peine de s’engager dans cette aventure. Olivier Brès Secrétaire général de la FEP