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Service formation et accompagnement pour l'Église protestante unie région parisienne
6 décembre 2011

LE SENS DU CULTE

. francois-clavairoly CÉLEBRER UN CULTE

Notes prises par un étudiant pendant l'intervention du pasteur François Clavairoly, paroisse de Paris Saint-Esprit

  Introduction

Selon la discipline actuelle et la Discipline à venir de l’Eglise unie il est reconnu un mandat pour la célébration du culte (article 20 alinéa 4). C’est une situation unique dans le monde chrétien qui offre à un laïc la possibilité de conduire un culte.

Etymologie :

  • Culte : vient de la même racine que culture qui veut dire entretenir un autel ou encore labourer le champ, il y a donc une idée de faire le tour, de tourner autour. (en sanscrit c’est le mot chakra) cela donnera également le mot cycle : idée de revenir d’où l’on vient. Cultiver est bien alors se tourner pour créer un espace personnel, une colonie. Le culte est enraciné dans la culture : c’est peut être la façon dont l’humain tourne autour des questions du sens de la vie et la façon dont le culte s’enracine dans le vécu de chacun. Ce qui veut dire que le culte est lié à un contexte et qu’il doit être compris par tous. : Luther a supprimé les messes basses et a parlé en allemand afin d’être compris par tous. Célébrer un culte c’est s’enraciner dans le présent.
  • Liturgie : dans l’épitre aux Hébreux les liturges sont envoyés « en service pour une fonction comme des anges ». en grec le mot liturgie veut dire avoir une fonction dans la cité pour que la circulation puisse se faire (travail sur la voirie et l’organisation des jeux). Le liturge est un responsable public dans l’organisation de la cité. Chez les romains, le licteur est celui qui marche devant le magistrat avec les instruments du verdict (verges et haches). Dans les deux cas, on lui reconnait des responsabilités dans la cité : il a une fonction publique pour réaliser un acte public (loi de 1905 article 18 : le culte est un acte public).
  • L’Eglise s’est privatisée en 1905 sur un malentendu au moment de la construction de la laïcité, elle reste pourtant un espace public. Le mot agora, à l’origine du mot église, signifie assemblée de citoyen qui a pour charge de régler les problèmes de la cité. Le mot a quitté le champ politique pour passer au religieux mais l’église reste appelée à la délibération et à la décision. Cette privatisation de l’espace religieux est une spécificité exclusivement française.
  • Sacrement : selon ses origines ce peut être le serment au drapeau de la légion ou la part financière promise à l’autel d’un dieu païen. Dans les deux cas il apparait la notion d’engagement.
  • Religion : peut avoir deux origines : religere (relire par exemple les éléments fondateurs, la bible) ou bien religare (relier par exemple les humains entre eux). La relecture à une importance considérable dans le monde protestant : chaque relecture de la bible pouvant s’ouvrir à une compréhension nouvelle.

a)  Textes bibliques :

Exode 20 : instruction / consigne de base pour le culte : premier élément sur le culte sacrificiel.

L’essentiel de l’acte cultuel est dans le verset 24b : le but du culte est de constater que Dieu vient et béni. Au verset 22 : c’est le « tu » qui est employé, c’est une injonction personnalisée qui s’adresse au lecteur donc à tous et pas seulement aux prêtres. Il n’est pas question de prêtre, le sacrifiant et le sacrificateur sont confondus dans le « tu », c’est la laïcisation du culte. Lors de l’apparition de la religion juive, il y aura intervention du prêtre comme médiateur pour séparer profane / sacré et pur / impur.

L’autel est défini par sa construction : simplicité et renvoi vers la nature : il n’y a pas de lieu spécifique pour célébrer le culte, l’autel est un simple monticule qui fait penser au Sinaï. À travers ce texte, il ressort 3 choses essentielles :

  • l’acte cultuel n’est pas réservé
  • le lieu de culte n’est pas spécifique
  • l’objet du sacrifice n’est ni d’apaiser une quelconque colère ou une action de grâce, c’est une bénédiction.

Le culte réformé est très proche de cette vision : "rappeler le nom du Seigneur en tous lieux"et "Dieu béni". C’est une mise en question des pratiques de l’époque.

La promesse est que l’offrande fait venir Dieu qui donne une bénédiction : si on réfléchi à la Cène on a le même schéma : l’organisation du repas est humaine, Dieu béni.

La bénédiction est une parole qui réalise ce qu’elle dit : elle effectue la promesse qu’elle contient y compris des effets à long terme. Ce mot vient de « baraquer » : dire le bien, c’est une promesse positive. (Anecdote : le dromadaire baraque c'est-à-dire, il se met à genou).

Le culte traditionnel d’Israël est reformulé à la Réforme : c’est un évènement par lequel Dieu vient vers nous : c’est Dieu qui fait le culte et qui bénit. La bénédiction est un geste de bienveillance qui assure une protection bénéfique. La proclamation de la grâce en début du culte est déjà une bénédiction.

 La culture religieuse ancienne portait l’idée que l’acte religieux était un acte d’élévation, une sortie de soi qui permettait d’accéder à un niveau de conscience supérieur en lien avec la sphère divine : d’où la présence d’estrades dans les lieux de culte. Le monde est à plusieurs étages et Dieu est tout en haut. La montée vers Dieu sous forme d’un remerciement est seconde c’est d’abord Dieu qui descend vers l’humain.

Apocalypse 4 et 5 :

Ces documents sont marqués par les premières liturgies de la première Eglise : cri liturgique. C’est une invitation à la louange.

1 Corinthiens chap 11 :

Texte écrit dans les années 50 après Jésus Christ. C’est une des premières liturgies chrétiennes. Paul au verset 23 dit : « voici l’enseignement que j’ai reçu du Seigneur et que je vous ai transmis ». Il l’a déjà reçu d’un autre. La liturgie s’inscrit dans une tradition, dans une chaine de transmission. Le culte est un évènement mais le culte appartient aussi à une tradition et à une institution : il y a un avant nous et un après nous. Nous l’avons vécu et nous en témoignons. Le culte est en tension entre l’événement de la venue de Dieu et la tradition. 

2 Corinthiens chap 5 verset 18 à 20 

« Tout vient de Dieu qui nous donne la réconciliation », nous sommes chargés d’annoncer cette réconciliation. Dieu se réconcilie avec l’humanité à son initiative sans tenir compte des fautes de chacun. Dieu agit en premier, ce n’est ni nous, ni nos prières qui l’ont amené à agir : il fait. Le culte doit transmettre l’information de cette réconciliation ; le liturge est un ambassadeur, un envoyé, un ange qui annonce cette œuvre de réconciliation indépendamment de ce que nous sommes ou de ce que nous avons fait. Dieu nous réserve un accueil inconditionnel.

La prière est néanmoins un moyen d’expression mai elle n’est pas un lieu de marchandage avec Dieu. Dieu n’agit pas en fonction de ce marchandage. La prière peut être selon les cas une louange personnelle ou collective, un cri de détresse, un cri de colère, une confession de foi, mais ce n’est jamais un processus d’activation de la réponse de Dieu.

L’intercession, prière des uns pour les autres, positionne le priant et les écoutants dans une position de vigilance par rapport aux autres : c’est une prière de militance et d’auto encouragement : à nous d’agir et de nous souvenir des autres. La prière est là pour nous gendarmer,  nous pousser à agir et à manifester la communion de l’Eglise. Dans l’Eglise, il n’y a pas de hiérarchisation des relations à Dieu : la prière du pasteur n’a pas plus de valeur que celle de quiconque. L’acte cultuel n’est pas opératoire, ce n’est pas une œuvre : sinon quand il est raté quelle déprime !

La grâce est offerte sans limite et il ne faut pas enterrer le message du culte : nous sommes porteur d’un trésor qu’il faut à notre tour transmettre.

b)    Textes théologiques :

KBarthKark Barth : Dogmatique 3ème volume tome 4 p208 à 211

Karl Barth rappelle le sens profond du culte autour de deux éléments : la foi en Dieu et le renoncement à soi-même (point au combien difficile dans nos sociétés actuelle hyper individualistes).

Il pose également la question du dimanche : pourquoi ce jour ? Chez les premiers chrétiens le choix est de ne pas faire le culte le jour du sabbat et sans raison réelle le choix du lendemain a été fait. Il ne s’oppose pas du tout aux cultes en semaine. Le problème que soulève Barth est celui de le faire quand on veut mais si on décide de faire le culte de le faire bien : ce doit être un événement. Il dénonce le culte « lieu de concert » mais insiste sur l’absolue nécessité du chant en tant que louange.

 Gagnebin8 Laurent Gagnebin : rapport du synode de Marseille 1989 : les sens du culte

Plusieurs points sont abordés dans ce texte : le premier est celui de l’importance du silence pour se retrouver soi-même. Ensuite il évoque l’aspect esthétique que doit revêtir un culte : le lieu de culte doit être accueillant et agréable. Ensuite l’appropriation du culte est essentielle dans la vie du chrétien : c’est un élément constitutif. Et pour finir le culte a pour but l’édification de chacun d’entre nous et de l’Eglise pour former une communauté vivante. Le culte structure la communauté, au-delà, peut-il structurer la cité ?

Dietrich-Bonhoeffer Dietrich Bonhoeffer : la parole de prédication : p 40-41 cours 1938

Sa question, durant ce cours destiné à de futurs pasteurs, est: le prédicateur peut-il poursuivre un but ? Le texte doit-il être écouté (le prédicateur laisse dire au texte ce qu’il a à dire) ou utilisé (le prédicateur se sert du texte pour dire ce que lui a à dire) ?

Le prédicateur doit se soumettre au texte et pas l’inverse, la prédication ne doit pas servir à véhiculer ses propres idées. Il faut noter qu’il est récent que les prédicateurs puissent choisir leur texte, autrefois, la liste de lecture était toujours respectée. Ce choix possible n’existe que chez les protestants.

Pour Bonhoeffer, chaque venue au culte est à la fois un miracle (l’Eglise =  le corps du Christ =  ceux qui ont été appelés) et une obligation (il faut y aller). Le culte est une cathédrale sémiotique : on s’y prépare, on y va et on sait que ce temps ne va pas durer. Le culte est un acte institutionnel et un événement personnel mais dans la durée il est une aide indispensable à l’édification personnelle et à celle de l’Église (le but du culte est de créer l’Eglise). D’où l’expression « le culte est une nourriture spirituelle » car cette nourriture est tout aussi indispensable que les nourritures terrestres. On ne se souvient pas toujours du menu – contenu mais on sait qu’on a aimé et que c’était bon.

ABirmelé André Birmele : la différence fondamentale est ecclésiologique p 255 à 257

Birmele se penche sur nos différences avec les Catholiques romains. Il explique que sur le plan du salut nous sommes en parfaite adéquation. Mais que sur le plan de la valeur de l’Eglise les choses sont très différentes. Dans les deux cas, l’Eglise est sainte mais pour les Catholiques elle est, de plus, sanctifiante : « hors de l’Eglise point de salut » pour les Protestants c’est « hors du Christ point de salut ».3Essentiel

Dans la tradition protestante, l’Eglise est par sa prédication à la fois témoin et transmétrices des écrits bibliques. Le culte est une ellipse a deux foyers : sermon et Sainte Cène : parole audible et parole visible (sacrement). L’édification du protestant chrétien se fait par ces deux axes. Pour ce qui est de la présidence des cultes, les mieux formés sont ordonnés pasteurs (organisateur de l’Eglise locale) mais cela ne leur donne aucune différence avec les laïcs, chacun est témoin et transmetteur. L’ordination se fait au nom du Christ et par l’Eglise. Est considéré comme membre de l’Eglise quiconque confesse sa foi en Christ.

Chez les Catholiques, l'Église est en plus juge : il faut que le prêtre soit présent pour que le message eucharistique soit opératoire. Le prêtre a un lien particulier avec le sacerdoce : il a été ordonné à l’évêque et de ce fait il est différent du laïc. Le prêtre obtient, au moment de son ordination, le pouvoir de célébrer les sacrements indispensables pour être sauvés. Ce qui sous entend que, pour être pleinement catholiques et sauvés, il faut participer aux rites. L’Eglise est la médiation active et indispensable pour être sanctifiée par l’intermédiaire de l’eucharistie, la partie sermon est secondaire. Sans eucharistie point de salut

1.   Le sens comme « direction »

Le culte est une circularité : la fin renvoie au début et le début annonce déjà la fin : annonce de la grâce = bénédiction. Cette organisation peut créer un phénomène d’usure.

L’ordonnancement de la liturgie est un perpétuel recommencement qui renvoie à une antériorité : d’autres l’ont déjà fait avant nous. Dans la lettre aux Corinthiens, Paul le dit clairement : « ce que j’ai reçu, je le transmets ». Cet ordre fait référence à l’histoire du protestantisme, cette transmission de l’héritage donne également sa légitimité à l’officiant. Une part d’improvisation est possible : on peut s’inspirer des textes issus de la tradition pour créer ses propres textes, cette appropriation permet d’être vraiment dans ce que l’on dit. La liturgie est un cheminement spirituel de la grâce à la bénédiction. L’ordre liturgique correspond à une théologie : il en existe deux dont une 'historique' (la verte).

La liturgie verte reprends l’ordre du 19ème siècle : loi / repentance / pardon. Dans ce cas la loi qui  rappelle le péché est programmatique : elle induit la possibilité de la grâce.

La liturgie jaune plus récente est organisée en fiches qui peuvent être utilisées dans un ordre différent. Elle penche pour l’ordre : grâce / repentance / loi : dans ce cas la loi est un appel à vivre qui ne peut être compris que dans la foi. La loi a ici un usage pédagogique : c’est un aiguillon pour la foi puisque l’on a de toute façon la grâce. 

La loi n’est dite que dans l’Église réformée, elle n’est présente ni chez les catholiques romains, les orthodoxes ou les luthériens.

Quoi qu’il en soit, la repentance est dans ce cas une reconnaissance de son incapacité personnelle et collective à suivre ce qui nous est demandé sans l’aide de la grâce : c’est la reconnaissance du péché.

Cette situation de pluralité des textes liturgiques est une richesse mais a un coût : il faut s’adapter à la liturgie du lieu. Il existe toujours un tronc commun, c’est le fameux chemin pédagogique qui assure cohérence et apaisement.

 La prédication fait partie de la tradition de l’Eglise, ii faut aller voir ce que les prédécesseurs disaient des textes, cela donne des idées et une orientation de la construction de la prédication en gardant ce qui nous correspond et qui nous semble bon.

Il faudrait un geste pour introduire les prédicateurs laïcs : installation, présentation ; faut-il un vêtement signifiant ?

2. Le sens comme « expérimentation »

Toutes les petites choses qui paraissent à première vue secondaires disent quelque chose de notre paroisse et de notre plaisir, joie à être ensemble en Christ.

Ecouter entendre : prière, louange, lecture, prédication. Les cantiques, les chants : importance du contenus, des paroles des cantiques

Attention que les cantiques ne contredisent pas le contenu, le message du sermon. Certaines personnes ne chantent que le dimanche (la nouvelle génération écoute plus qu’elle ne chante). Il faudrait d’une part sortir de l’hymnologie du 19ème siècle par de nouvelles créations et continuer à apprendre de nouveaux cantiques. A l’époque de Calvin, la création musicale et poétique est très riche avec des écrivains tel Clément Marot.

 Voir regarder : officiant, couleurs, objets, lumières, espace et lieu de culte

Le culte donne à voir quelque chose : un espace et un officiant : on ne voit plus, quand on fait partie d’une paroisse le lieu de culte : pourtant il y aurait des choses à faire pour le rendre plus accueillant, chaleureux, beau ? L’espace offert à la vue doit être agréable.

L’officiant s’expose : il ne peut pas être habillé n’importe comment et il ne peut pas se présenter n’importe comment (sourire, regard…). Il faut tenir compte des "signes qui parlent " : couronne de l’avent, sapin, bougies…il ya dans ce cas un mélange cultuel et culturel ; les bougies très prosaïquement servaient à l’origine à éclairer ! Le voir doit contribuer à la vie cultuelle.

Toucher communier : salutation, baptême, cène, geste de paix 

Il y a contact physique lors d’un culte. La communion avec coupe commune a posé et pose des problèmes et des questions : au début du 20ème siècle une épidémie de tuberculose avait entraîné l’utilisation de gobelets individuels, cette pratique a reparu avec le sida. Cette pratique est en décalage avec l’institution, qui dit communion dit se voir, transmettre et partager. L'intinction (humidification ou trempage du pain dans le vin) est d’origine orthodoxe.

Le geste de paix n’existe pas chez les protestants, il est quelque fois remplacé par le fait de se tenir par la main lors du Notre Père.  Il peut y avoir des réticences mais qui ne correspondent pas à un quelconque écrit liturgique : le rituel du culte est d’être les uns avec les autres, on devient des frères et sœurs, ce qui autorise une certaine familiarité en Christ.

Les rites et rituels (étymologiquement « remettre de l’ordre ») évitent le chaos par la coupure : on arrête le monde par le rituel ce qui permet de remettre de l’ordre et ne pas aller vers le chaos.  Le ritualité nous rappelle que nous pouvons (nous sommes autorisés à ) faire une coupure pour nous retrouver et remettre de l’ordre.

Goûter  savoir: pain et vin, musique et chant

La périodicité de la Sainte Cène est un sujet de controverse sans fin. Calvin était pour une Cène tous les dimanches, à l’extrême certains prônent la Sainte Cène que 2 à 3 fois par an. La Discipline précise juste « une fois par mois ».

Le pain et le vin de la Cène sont la part réalité de la communion : on est dans la réalité d’un repas : la Cène n’est pas qu’un geste spirituel : on incorpore physiquement la réalité christique. On atteint à la réalité du corps du Christ autour du repas commun : on est nourri tant par la parole que par la réalité du pain et du vin. La qualité du pain et du vin lors de la Cène fait également partie de la qualité de l’accueil : on parle du vivre ensemble.

Sentir ressentir : ambiance, style

Le culte requiert notre intellect et notre spiritualité mais aussi le corps tout entier et la communauté toute entière. Tous nos sens sont parties-prenantes lors du culte. Ce qui fait dire qu’une paroisse à un « style ».

3.   Le culte réformé

Origine et perspectives :

On a très peu d’écrits sur les origines du culte réformé.

En 1538, Calvin est appelé par Martin Bucer à Strasbourg, il n’a jamais vraiment célébré de culte. Strasbourg est une ville du Refuge qui accueille beaucoup de Français, la cathédrale bascule à la Réforme puis l’ensemble des églises de la ville. Calvin prend en charge la paroisse des réfugiés huguenots, son statut n’est pas très clair. Il va mettre en place le culte à partir de la messe de Luther par une traduction : ce premier ordre liturgique est calqué sur la messe romaine. Calvin fait face à une position pastorale sans aucune formation initiale, il se lance, et son premier culte est célébré en 1539. L’évolution de la liturgie de la Sainte Cène est la même : il y a continuité dans les textes, la différence la plus notoire est que les psaumes sont chantés par l’assemblée et que toute la liturgie se fait à voie haute.

Le célébrant est le représentant de la communauté qui célèbre : la communauté confesse par l’intermédiaire du célébrant : la confession des péchés est dite pour toute l’assemblée : il n’y a plus de confession individuelle. Le sermon apparait très vite comme l’élément essentiel du culte au même titre que la Cène.

Calvin en quittant Strasbourg en 1542, "emporte" la liturgie avec lui et va la répandre.

Le  sermon a sans doute une double origine :

  • Origine luthérienne : pour Luther, la bible est première, il faut l’enseigner, ce sera fait au cours du sermon pendant le culte.

Origine réformée et influence des monastères : dans les monastères, il est habituel que des commentaires bibliques soient faits par un théologien sous la forme de sermon, Bucer est dominicain, il a gardé cette habitude. D’autre part, les réfugiés huguenots ne sont pas ou peu instruits de la bible, il faut leur fournir éducation et instruction biblique.

Enjeux théologiques :

Présider un culte, c’est être à la fois dans la situation d’un acteur : il faut capter l'attention de son auditoire et d’un metteur en scène : il faut que tout se tienne et que les participants y adhèrent.

Le metteur en scène est aidé par la liturgie et la Discipline qui donne le déroulé de base du culte. La mise en scène a pour objectif de faire comprendre l’invitation de chacun à un repas, invitation transmise par le célébrant de la part du Christ à l’assemblée. Un culte est à la fois issu de la tradition / institution mais c’est aussi un événement.

Le culte est un événement public, convivial, esthétique, informatif, performatif et prophétique :

Public : la loi de 1905 précise « exercice public du culte ». Les lieux de culte appartiennent parfois à la commune. Ouvert à tous. Il faut en faire la publicité.

Convivial : accueillant pour les convives. On va au culte comme on va au restaurant : notre choix est lié à l’offre et aux personnes : la prédication et le repas sont des nourritures : tout dépend du service.

Esthétique : il faut rendre les lieux agréables c’est un des éléments constitutifs du culte. Épitre de Pierre : « soyez de beaux administrateurs »

Informatif : la prédication informe, forme, formate et réforme. La spiritualité est fonction de l’évangile prêché dans la perspective de la grâce. Le culte est « l’école de l’évangile » pour faire grandir sa foi.

Performatif : le langage opère ce qu’il annonce : « ceci est mon corps" on détourne le sens de l’objet : le pain prend une vocation nouvelle (sanctification), ce qu’on nous montre est autre chose. Dans la prédication, la parole préchée produit un effet : elle ne laisse pas indifférent, elle lance un phénomène de germination : conversion

Prophétique : être en avance sur les autres. Prophétiser : c’est la capacité de parler de la part de Dieu

Conclusion :

Le culte est un objet de préoccupation : il faut le prendre au sérieux, cela demande du travail et met dans une situation de responsabilité, il occupe l’esprit. Mais au moment venu le culte est sujet de joie.

Merci au pasteur François Clavairoly pour cette présentation très complète et éclairante, ainsi qu'à Isabelle Zuber pour ses notes particulièrement claires. Les prédicateurs en formation leut en seront particulièrement reconnaissants. Des commentaires et des questions peuvent être écrits ci-dessous. La cellule formation les lira avec attention et y répondra directement ou les transmettra.

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